L'Algérie est sereine concernant le dossier agricole dans le cadre des négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). C'est du moins ce qu'a assuré hier Saïd Djellab, expert et directeur de l'évaluation du commerce extérieur au ministère du Commerce, en marge d'un atelier sur la libéralisation du commerce agricole à l'OMC qui s'est déroulé à l'hôtel El Marsa. « Nous sommes en train de négocier la conformité du soutien interne et des subventions agricoles. Sur ce plan, nous sommes à l'aise. Notre soutien dans le cadre du PNDA est tout à fait conforme aux règles de l'OMC. Il ne dépasse pas 2% alors que l'OMC exige 10% », a-t-il souligné. Et d'expliquer que cette institution internationale a scindé le soutien en deux catégories qui sont représentées par deux boites : l'une orange, elle englobe tout ce qui est soutien au prix et l'autre est verte où le soutien n'a pas de limite. L'aide accordée par les pouvoirs publics algériens aux agriculteurs se situe à 85% dans la deuxième catégorie, a assuré M. Djellab. Il a indiqué que six réunions plurilatérales sur l'agriculture ont eu lieu jusqu'à présent. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a affirmé toutefois que « le soutien à l'exportation pose problème ». Selon lui, l'OMC a accordé un délai à l'Algérie pour se mettre en conformité, sans donner plus de précisions. Lors de son intervention à l'ouverture des travaux de cet atelier, le ministre a regretté que les pays arabes aient négocié en rangs épars leur accession à l'OMC. « Il faut délaisser cette politique négative qui fait que les pays arabes se tournent le dos », a-t-il dit sur un ton de reproche. Comme pour titiller l'amour-propre des représentants de seize pays arabes qui participent à cet atelier, Saïd Barkat a cité l'exemple « d'Israël qui, malgré sa petite surface, exporte plusieurs produits alors dans les pays arabes qui capitalisent des milliers de kilomètres carrés, il n'en est rien ». Pour lui, le monde arabe doit délaisser les discours protocolaires et devenir plus réaliste pour faire en sorte que les pays arabes ne soient plus considérés que pour leur pétrole et leur tendance à la consommation. « On a honte de parler actuellement d'un marché arabe », a-t-il martelé. « Il faut penser à produire des produits à forte valeur ajoutée telles que les dattes », a-t-il suggéré. Abbas Abouaouf, représentant de l'Organisation arabe pour le développement de l'agriculture (OADA), a rappelé que cette institution a été désignée pour élaborer une stratégie agricole commune pour les pays arabes. L'enjeu de cette stratégie est d'arriver à une créer à long terme une entité qui regroupe les pays arabes semblable à l'Union européenne, « pour avoir une influence sur le cours des événements à l'échelle mondiale », a-t-il affirmé. Il est à noter que 12 pays arabes ont accédé à l'OMC. Une dizaine d'autres sont en négociations pour y adhérer. L'atelier organisé hier conjointement par l'OADA et le ministère de l'Agriculture a pour objectif de permettre aux pays ayant d'ores et déjà adhéré de faire profiter ceux en négociations de leur expériences.