Un nouveau round de discussions est prévu en juin. “L'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce est un choix stratégique, souverain et irréversible”, a affirmé hier, le chef de cabinet au ministère du Commerce, lors d'un séminaire sur le processus d'accession à OMC, organisé par le Sénat et animé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Les avantages et les inconvénients de l'accession à l'OMC, les droits et obligations et enjeux de la libéralisation du commerce des services et impact sur le développement, sont les principaux thèmes qui seront débattus lors de ce séminaire de deux jours. “Les négociations avec l'OMC sont à un stade avancé”, souligne M. Saïd Djellab, membre du groupe de négociateurs algériens, sans aller dans les détails. Il faut attendre peut- être, aujourd'hui, pour connaître l'état d'avancement du processus d'accession de l'Algérie à l'OMC. Une communication sera présentée par Chérif Zaâf, directeur général du commerce extérieur, et coordonnateur des négociations pour l'accession de l'Algérie à l'OMC. Le groupe de travail, chargé de l'accession de notre pays à l'OMC, a examiné le projet de rapport révisé le 17 janvier dernier. Le rapport en question décrit le régime de commerce extérieur de l'Algérie ainsi que les réformes que celle-ci a entreprises ces dernières années pour rendre son cadre juridique et institutionnel conforme aux règles de l'OMC. Les membres du groupe de travail ont aussi évalué les progrès accomplis dans les négociations bilatérales en cours sur l'accès aux marchés pour les marchandises et les services. Les membres ont reconnu les progrès de l'Algérie en ce qui concerne la réforme de son régime de commerce, afin de le rendre pleinement compatible avec les règles de l'OMC. L'Algérie a ainsi adopté de nouvelles lois en matière d'Obstacles techniques au commerce (OTC), de mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), de propriété intellectuelle (Adpic), de pratiques antidumping, de sauvegardes et de mesures compensatoires, de politiques des prix, d'évaluation en douane, d'importation de produits pharmaceutiques et de boissons alcoolisées, et d'exportation de viandes bovine et ovine et de palmiers. Malgré ces nouvelles mesures législatives, les membres ont indiqué qu'il restait encore beaucoup à faire dans les domaines suivants : entreprises d'Etat, prix des hydrocarbures, droits de commercialisation et présence commerciale, régime fiscal (TVA et autres taxes à la consommation), subventions à l'exportation, mesures SPS, OTC et Adpic. Les membres ont, par ailleurs, invité l'Algérie à mener à bonne fin les négociations bilatérales en cours sur l'accès aux marchés pour les marchandises et les services. L'Algérie a achevé ses négociations avec le Brésil, l'Uruguay, Cuba, le Venezuela et la Suisse et elle doit encore faire de même avec l'UE, le Canada, la Malaisie, la Turquie, la République de Corée, l'Equateur, les Etats-Unis, la Norvège, l'Australie et le Japon. Le prochain round de négociations est prévu au moi de juin prochain. “Mais la date précise n'est pas encore fixée”, précise M. Saïd Djellab. M. Nobert Lebale représentant de la Cnuced, relève que “l'Algérie a honoré ses engagements et a réalisé la transformation totale de son arsenal juridique, à l'exception des licences d'importation et des règles d'origine”. M. Nobert Lebale précise que la Cnuced assiste plus de 20 pays qui tapent actuellement à la porte de l'OMC, dont l'Algérie. La demande d'accession de l'Algérie à l'OMC (GATT à l'époque) remonte à juin 1987. Notre pays aurait pu accéder, en 1994 à l'OMC sans concession. Pour des raisons, économiques et sécuritaires, notre pays n'a pu le faire. Du coup aujourd'hui, l'Algérie est obligée de négocier et de faire des concessions, parfois douloureuses, pour faire partie de l'OMC, composé aujourd'hui de 153 pays, avec la dernière adhésion de l'Ukraine. Le chef du cabinet au ministère du Commerce parle “d'unanimité, de la classe politique, des partenaires sociaux et des universitaires sur la nécessité pour l'Algérie d'être à l'intérieur de l'OMC”. Les débats se situent sur “le prix du ticket d'entrée”, estime-t-il. Une affirmation qui a fait sourire la porte-parole du Parti des travailleurs, connue pour son hostilité, à l'adhésion à l'OMC et au libéralisme en général. “Il n'y a pas de consensus sur le dossier”, répond Mme Hanoune, empêchée par le président de séance d'aller au fond de ses idées. Mais ce que les intervenants reprochent au gouvernement, c'est l'absence de concertation. “Ce sont des négociations clandestines”, renchérit la porte-parole du PT. Abdelkrim Harchaoui, favorable à l'accession à l'OMC, regrette plutôt le fait que les réformes nécessaires n'ont pas été menées. “Nous sommes une économie aux réformes inachevées”, souligne l'ancien ministre du Commerce. “Qu'avons-nous à exporter, en dehors des hydrocarbures”. M. Bakhti Blaïb, lui aussi, ancien ministre du Commerce, relève “l'absence d'études d'impact”, et affirme que “l'administration économique n'est malheureusement pas outillée pour suivre les accords signés par l'Algérie”. Meziane Rabhi