Mission presque impossible pour les observateurs en Syrie, où les morts se comptent désormais en centaines. La première équipe d'observateurs arabes est attendue aujourd'hui en Syrie, où les combats entre soldats et déserteurs se sont poursuivis hier avec une rare intensité. Plus d'une centaine de morts entre civils et militaires ont été recensés en moins de 24 heures. La Ligue arabe a désigné le général soudanais, Mohamed Ahmed Dabi, à la tête de la mission des observateurs qui va superviser la mise en œuvre du plan de sortie de crise. Mohamed Ahmed Dabi – qui est un habitué de la gestion des crises dans la mesure où il a eu à assurer la coordination au Darfour entre le gouvernement soudanais et les forces de maintien de la paix de la mission commune des Nations unies et de l'Union africaine – aura avant tout pour mission d'essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de la crise syrienne. L'envoi par la Ligue arabe d'observateurs en Syrie ne signifie toutefois pas que les relations des arabes avec Damas vont se normaliser de nouveau. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a indiqué à ce propos, lors de la réunion du comité ministériel de la Ligue arabe tenue samedi à Doha sur la Syrie, que la levée des sanctions imposées à Damas nécessite la tenue d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Le régime syrien doit également satisfaire à certaines conditions. En effet, le plan arabe de sortie de crise appelle les autorités syriennes à «l'arrêt total des violences, quelles que soient leurs sources, pour protéger les citoyens syriens». Cette feuille de route exige en outre la libération des détenus qui ont été arrêtés en raison des «événements en cours». Selon cette «feuille de route arabe», une fois que le gouvernement syrien aura fait preuve d'un «progrès tangible» sur ces points, «le comité ministériel arabe effectuera les contacts et les consultations nécessaires avec le gouvernement et les diverses composantes de l'opposition syrienne pour préparer une conférence de dialogue national». 111 morts en une journée ! Si au plan politique Damas donne l'impression d'être ouverte au dialogue, sur le terrain, la réalité n'a pas changé. Elle semble même avoir empiré. La preuve : 111 personnes ont été tuées mardi à Kafroueid, dans la région d'Idleb au nord-ouest de Syrie dans une nouvelle vague de violences, a rapporté, hier, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'OSDH a indiqué que ces personnes ont été tuées en essayant de fuir le village, situé dans la région de Jabal al-Zaouia, à plus de 330 km au nord de Damas. Jusqu'à présent, 52 des 111 victimes ont pu être identifiées. L'Observatoire avait fait état mardi de 37 morts à Kafroueid, en indiquant que le bilan pourrait s'alourdir davantage. Le bilan total porte à 123 morts pour la journée de mardi en Syrie, 12 autres sont mortes à Homs (centre), un haut lieu de la contestation, selon l'OSDH. De violents combats entre l'armée régulière et des «déserteurs» auraient en outre fait une centaine de morts et de blessés mardi parmi les «déserteurs» dans cette même province d'Idleb, proche de la frontière turque. Il s'agit de l'une des plus meurtrières journées depuis le début de la révolte, à la mi-mars, contre le régime du président Bachar Al Assad, selon une estimation de l'ONU, plus de 5000 personnes sont mortes en 9 mois. Cette situation, plus qu'alarmante, a d'ailleurs amené l'Assemblée générale de l'ONU à adopter cette semaine une résolution condamnant la situation des droits de l'homme en Syrie. Le texte a été accepté à une majorité de 133 pays.