Une folle rumeur est en train de prendre des proportions alarmantes à Mostaganem. La destruction du vieux quartier de Tobbana serait au programme des élus de la ville. Ce qui a provoqué une onde de choc au niveau des associations de la société civile de la ville qui craignent que l'irréparable ne soit commis à la faveur de l'effervescence préélectorale. C'est à ce titre que l'association du renouveau s'est inquiétée auprès du maire et du wali de Mostaganem. Son président, Mansour Boukraa, est dans tous ses états car lui se souvient du très fâcheux sort réservé au quartier du Derb dont une grande partie a été amputée à jamais. Car, s'il est vrai que ce vieux quartier menace ruine, il n'en demeure pas moins que c'est une mémoire culturelle de toute la cité qui part en lambeaux. Profitant de la détresse des pauvres occupants de ces vieilles bâtisses, certains n'ont pas hésité à acheter pour une bouchée de pain des habitations qu'ils ont aussitôt livrées au bulldozer rien que pour pouvoir ériger de nouveaux immeubles et porter ainsi un coup fatal à cette harmonie urbanistique qui fait la fierté de toute la ville. C'est par un heureux hasard et une forte mobilisation de ses admirateurs qu'une perle architecturale, comme le bain Bouamrane, a été sauvé in extremis d'une disparition programmée. Chez les amis du renouveau, c'est la consternation qui semble l'emporter. Une lettre vient d'être envoyée au maire et au wali de Mostaganem afin que l'irréparable ne se produise pas. Ils rappellent à juste titre que, dès 1832, l'armée coloniale avait jeté son dévolu sur ce quartier afin de le dénaturer et de le détourner de sa vocation symbolique. C'est suite à l'énergique mobilisation des dignes fils de la ville que l'empereur Napoléon III avait été interpellé et c'est suite à cette interpellation que la mosquée ainsi que la maison du cadi ont été restituées au culte musulman.