J'ai été extrêmement choqué et brutalement interpellé par une information parue dans un journal où Sonatrach était citée dans deux affaires (entre autres), - l'une avec un partenaire (associé), je citerais Anadarko. - l'autre avec une société d'engine-ering et de construction, je citerais KBR (Kellog Brown and Root). Je suis doublement peiné et furieux de constater que même portée à la connaissance du public, aucune mise au point de Sonatrach ne soit venue remettre les choses dans leur véritable contexte et à leur juste valeurs sauf... Alors, indépendamment des uns et des autres (et «ils» se reconnaîtront), il est de mon devoir d'apporter ici ma contribution et mon témoignage, afin que les choses soient clairement comprises par tous. -1- En ce qui concerne KBR, qui réclame le paiement d'intérêts sur les actions que Sonatrach a dû racheter dans le cadre de la dissolution de BRC (une société d'engineering mixte algéro-américaine) dans les conditions que nous connaissons, au motif que Sonatrach n'a pas respecté les délais de paiement de ces fameuses actions d'un montant de 19,5 millions de dollars. Pour informer le public algérien, cette société, KBR, a réalisé, pour le compte de Sonatrach et des partenaires, des projets pour plusieurs milliards de dollars ! le dernier en date étant celui de Skikda. Je répondrais à cette société (KBR), qu'ayant eu à réaliser des installations de traitement de gaz à Tiguentourine (ln Amenas) par l'association Sonatrach/BP dans le cadre de l'avenant n°2 signé en octobre 2002 avec un délai pour mise en service de 39 mois. (c'est-à-dire janvier 2006), des pénalités de retard, devaient lui être appliquées dans le cas où les délais n'étaient pas respectés — 4 millions de dollars/mois avec un maximum de 6 mois — soit un total de 24 millions de dollars. KBR a eu une année de retard (12 mois) sans qu'aucune pénalité de retard lui ait été appliquée ni réclamée ! D'avoir, en connaissance des faits, sciemment et délibérément empêché l'application des pénalités de retard, et encore plus grave, qu'aucun document contractuel conforme à la réglementation en vigueur (avenant) ne couvre toute cette période (janvier 2006 / janvier 2007 !). KBR a continué à travailler sans être inquiété. Comme par hasard, cette même société a réalisé une usine de traitement de gaz à In Salah avec le même partenaire, BP. Mais pour que les choses soient claires pour tout le monde. Le projet de Tiguentourine avait été initié et signé pour sa réalisation le 29 juin 1998 entre Sonatrach et Amoco pour une mise en service en août 2002 (Décret n° 98-365 du 17 novembre 1998). Le 31 décembre 1998, intervient la fusion entre Amoco et BP. Celle-ci assume les obligations mises en charge d'Amoco en vertu du contrat de base ; cession d'intérêts article 31. 31.1 et 31.2 qui stipule que «le contractant garantit que la cession n'affectera ni l'exécution du programme de travaux minimum, tel que défini dans l'article 7 du présent contrat, ni à l'exécution des travaux nécessaires à la mise en production de l'usine de traitement de gaz, et que Sonatrach obtienne une garantie de la maison-mère du concessionnaire de la bonne exécution par le ou les concessionnaires des obligations du présent contrat». Qu'a fait BP depuis décembre 1998, jusqu'au fameux avenant n°2 signé en octobre 2002 ? Kellog / BP terminait la construction d'une usine à In Salah et à la même période démarrait les travaux à Tiguentourine (ln Amenas), un hasard qui nous oblige à nous poser la question suivante : Pourquoi avoir attendu jusqu'à octobre 2002 (c'est-à-dire 4 années) alors que BP devait respecter l'article 31 du contrat principal ? Autre hasard de 1'histoire, alors que KBR terminait l'usine de Tiguentourine (même avec une année de retard) elle s'est vu encore octroyer la réalisation des installations gazières de Skikda, dont les travaux (choix de l'entreprise) ont été retardés de 2 années (malgré l'urgence déclarée). L'expérience de Tiguentourine (les pertes de production d'une année d'exploitation) tous produits confondus (gaz sec, condensat, GPL) se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars ! Et l'on confie le projet de Skikda à KBR ? Etrange non ? Où est la fameuse liste noire ? Sur le projet de Tiguentourine, KBR avait réclamé 150 millions de dollars au motif de changement de site. Le conseil de gestion (structure ayant la responsabilité de gestion de l'association SH/BP.Statoil), était d'accord pour accepter un montant de 60 millions de dollars, en violation totale du principe des obligations de cession contenues dans le contrat signé en 1998. * Pas d'application de pénalités de retard (24 millions de dollars us) projet Tiguentourine * 150 millions de dollars dont leur règlement n'apparaît légalement nulle part. * Octroi du projet de Skikda, avec un montant excessif, de l'avis de certains experts techniques et financiers, peut-être que les 150 millions de dollars…? Alors, venir réclamer des intérêts pour non-respect des délais, car Sonatrach avait aussi la possibilité de réclamer une compensation financière supérieure au montant total des pénalités de retard jamais réclamées (appliquées), en comparaison du manque à gagner pour l'entreprise nationale d'une année de production (tous produits confondus gaz sec, condensat et GPL). Y a-t-il eu pression politique ? Y a-t-il eu des injonctions ? Y a-t-il eu des intérêts étrangers à défendre dans le cadre de la nouvelle politique énergétique de l'époque ? Tout cela est trop grave pour que nous ne posions pas les autres questions suivantes de : mauvaise gestion, malversations, négligence, corruption, associations de malfaiteurs, etc. Face à cette situation, seule une enquête judiciaire propre et honnête peut y apporter des réponses. LA VéRITé EST MA JUSTICE En ce qui concerne Anadarko, il est utile de rappeler que tous les contrats signés avec les partenaires étrangers l'ont tous été dans le cadre de la loi 86.14, et ce, pour les plus importants... le reste n'a été que du badigeonnage et a beaucoup plus porté atteinte aux intérêts de l'Algérie qu'à autre chose. Il est tout à fait clair que tout gestionnaire a le devoir moral et une obligation d'Etat de protéger les intérêts du pays, de prendre la décision de réajuster l'équilibre du profit financier, en fonction du marché international, par l'application d'une taxe sur les super profits. L'Algérie (à travers Sonatrach) a perdu avec ces partenaires des milliards de dollars pour des milliards de m3 de gaz brûlés (torchages), à commencer par ce 1er gisement (BRN), en association et mis en exploitation en 1994/1995, alors que la loi 86-14 stipulait l'interdiction pure et simple (torchage). Pour Anadarko, son développement sur le bloc 208, l'exploitation HBNIHBNS a commencé en 1997. Que s'est-il passé sur le bloc 404 (El Merk) ? La loi 86-14 est claire. Je dirais «était» claire. Lorsqu'un permis était octroyé (exploitation, recherche) pour une durée de deux années renouvelables, en cas de découverte, une demande de mise en exploitation était introduite auprès du ministère de l'Energie (avec un dossier technique) pour accord. Dans le cas du champ d'El Merk, les hydrocarbures liquides (pétrole) n'étaient pas selon les résultats des études réservoirs «non intéressants ». Il y avait plus de gaz humide (condensat, GPL) que de pétrole. Et la loi 86-14 définissait très bien la situation. Nous sommes dans les années 1996/1997/1998. Là, se pose une question très importante : pourquoi, en l'absence d'un plan de développement, le bloc 404 n'a pas été restitué au ministère de l'Energie ? (est-ce que la loi 86-14 a été amendée et dans quel intérêt ?) Pourquoi avoir attendu près de dix années pour développer ce gisement, en y intégrant les gaz humides, pour les partager avec Anadarko ? Alors que Sonatrach, qui a réalisé les canalisations d'évacuation pour produits GPL et condensat aurait dû développer El Merk à son seul profit. Tous les associés (partenaires de Sonatrach) n'ont dû leur survie financière que grâce aux profits exceptionnels réalisés en Algérie. Alors, taxe sur les superprofits. Cette taxe aurait dû s'appliquer avec une rétroactivité plus ancienne. Mais là encore, c'est un tout autre débat… Chioukh Abid. Cadre supérieur à la retraite à Sonatrach