Plus d'un millier de travailleurs de la zone industrielle de Rouiba se rassembleront aujourd'hui à la centrale syndicale de l'UGTA Ils prendront part aux deux marches vers les ministères du Travail et de l'Industrie. Ils exigent le respect des lois relatives à l'exercice du droit syndical et au départ à la retraite… L'accord intervenu le week-end dernier entre les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) et l'administration a encouragé des centaines de travailleurs de la zone industrielle à se joindre au rassemblement des cadres syndicaux de l'Union générale des travailleurs (UGTA), prévu aujourd'hui à la Maison du peuple à Alger, où une marche vers les ministères du Travail et de l'Industrie sera organisée. Contacté, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, déclare que ce mouvement de protestation «appartient» aux travailleurs de la zone industrielle. «L'état-major de l'organisation et moi-même en tant que secrétaire général de l'UGTA avons exprimé notre solidarité à toute action qu'ils organiseront pour arracher leurs droits. Ils seront chez eux à la centrale syndicale et manifesteront dans la sérénité et le calme. Ils seront soutenus par l'ensemble des fédérations à travers la présence des secrétaires généraux et des cadres syndicaux…», souligne Abdelmadjid Sidi Saïd. Il profite de l'occasion pour saluer l'accord arraché par les travailleurs de la SNVI, très tard dans la soirée de mercredi dernier, à la veille d'un mouvement de protestation. «L'accord porte sur la prime de fidélité fixée comme suit : 20 000 DA, pour dix ans, 40 000 DA, 20 ans, et 60 000 DA pour 30 ans de travail. La direction générale a également décidé de mettre fin aux fonctions des cadres retraités dès le 31 décembre 2011. Ce qui constitue un acquis considérable pour les travailleurs protestataires qui ne demandent que l'application de la loi.» Pour sa part, Mokdad Messaoudi, secrétaire général de l'union locale de Rouiba, souligne que la manifestation est «le seul moyen qui nous reste pour obliger les autorités à respecter la loi. Nous voulons la cessation immédiate de toutes les sanctions, l'annulation de tous les licenciements et le respect des libertés syndicales. Les lois ne se négocient pas. Elles s'appliquent.» Selon lui, «les 4000 travailleurs veulent tous marcher sur Alger. Mais nous avons fait en sorte qu'il y ait un millier avec l'ensemble des cadres syndicaux». Pour ce qui est des revendications, Messaoudi les résume ainsi : «Nous ne demandons rien d'autre que le respect des lois relatives à l'exercice du droit syndical et au départ à la retraite. Le nombre de licenciés ou sanctionnés pour leurs activités syndicales ne cesse d'augmenter, et dans une bonne partie des entreprises de la zone, où la création d'un syndicat devient de plus en plus impossible. Il n'est plus question de rester passif devant ces agressions.» Il précise que les travailleurs veulent dénoncer aussi le «recours abusif» aux cadres retraités pour diriger les entreprises, en notant : «La majorité des retraités mis en cause ont bénéficié de la prime de départ et de tous les avantages liés à leur retraite, puis ont continué à exercer en tant que dirigeants à alors que leur âge dépasse largement les 65 ans. Il n'y a qu'en Algérie où la retraite d'un PDG est plus importante que celle d'un salarié. Pourtant, la loi 83-12 limite l'âge de la retraite à 60 ans, et les instructions du Premier ministre insistent sur le respect de cette disposition foulée aux pieds par les SGP…» A en croire le secrétaire général de l'union locale, «ces retraités créent un climat de travail malsain et suscitent, à chaque fois, des conflits avec les travailleurs et leurs représentants syndicaux. Pour eux, leur avenir est derrière eux, ils n'ont rien à perdre». Messaoudi rappelle par ailleurs que le délai d'une semaine accordé aux pouvoirs publics a expiré et «aucune réaction n'a été enregistrée». «Nous espérions qu'il y ait une réaction à nos revendications, comme cela a été le cas pour la SNVI. Mais cela n'a pas été le cas. Alors nous maintenons notre mouvement de protestation prévu aujourd'hui à la centrale syndicale. Le secrétaire général nous a bien précisé que nous étions libres de protester lorsque nos libertés sont bafouées. Nous allons nous rassembler aujourd'hui et si aucune réponse ne nous est donnée, nous passerons à une étape supérieure», conclut Messaoudi. Force est de constater que les cadres syndicaux de l'UGTA veulent faire de ce mouvement de protestation «une exhibition de force» pour certains et un «test de représentativité» pour d'autres. Ce qui est certain pour l'instant, c'est qu'il sera difficile, voire impossible pour les travailleurs d'être autorisés à marcher sur les ministères du Travail et de l'Industrie, comme cela est prévu.