L'UGTA a pris en main les mouvements de grève déclenchés par les travailleurs du secteur industriel public, notamment ceux de la zone industrielle de Rouiba. C'est ce que nous avons appris, hier, du secrétaire national, Salah Djenouhat, contacté par notre journal. A notre question sur la position officielle de la centrale syndicale sur la grève déclenchée par les travailleurs, sans le respect des procédures en la matière, à savoir le dépôt d'un préavis, le chargé de l'organique a tenu à souligner en ces termes : «Il ne s'agit pas aujourd'hui de poser la question de la position officielle de l'UGTA. Nous sommes préoccupés par la situation des entreprises publiques.» Serein, le syndicaliste Salah Djenouhat a ajouté que «la centrale syndicale est en train de gérer cette situation difficile et délicate» et de souligner : «Nous faisons appel à toutes les bonnes volontés et à toutes les forces du pays pour trouver les solutions nécessaires.» Hier, notre insistance et de nombreux appels effectués afin de faire réagir les autres responsables du secteur, notamment le PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub, et le chargé de l'information de l'UGTA, Abdelkader Malki, désormais sénateur du tiers présidentiel, n'ont pas abouti. La réaction de Salah Djenouhat confirme que la centrale syndicale est préoccupée par ces mouvements de grève dits «spontanés» qui dénoncent les résultats de la tripartie, particulièrement ceux liés au monde du travail. Malgré les explications fournies par la centrale syndicale dans son communiqué diffusé jeudi dernier à l'intention des travailleurs et de la famille syndicale, dans lequel elle a expliqué que le dispositif de départ à la retraite avant l'âge légal de 60 ans est maintenu et que les augmentations salariales sont libres dans le cadre des conventions de branches, les grévistes rejettent ces engagements et revendiquent (voir notre édition d'hier) l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail, (une action qui a été demandée par l'UGTA, mais la dernière tripartite a décidé de son ajournement en raison de la surcharge de l'agenda), ainsi qu'une revalorisation des salaires et le maintien du dispositif de la retraitée anticipée. Un mouvement spontané Selon un syndicaliste de la SNVI, Mustapha Zetoutou, qui s'est exprimé dans notre journal, le mouvement de grève déclenché depuis le 4 janvier à la Société nationale des véhicules industriels et étendu à d'autres entreprises implantées dans la zone de Rouiba, est «spontané» et a mobilisé «aussi bien les travailleurs que le syndicat de la SNVI». Selon des travailleurs grévistes qui se sont exprimés dans notre publication, l'instance syndicale de la SNVI n'est pas légitime du fait de l'expiration des mandats. Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, connue pour ses positions sur l'importance de l'industrie nationale, cette grève a été «manipulée» afin de détruire l'entreprise publique, bénéficiant aujourd'hui d'un plan de relance ambitieux. Grâce à l'intervention des pouvoirs publics, dans ce contexte de crise économique mondiale, la SNVI a profité de contrats de fabrication de camions et de bus au profit du ministère de l'Intérieur pour une valeur de 20 milliards de dinars, ainsi que des contrats avec le ministère des Transports pour fournir des bus de transports de voyageurs à 14 sociétés publiques. Les dettes évaluées à 60 milliards de dinars seront épongées et un contrat de performance devra être signé avec les cadres dirigeants de la SNVI en vue de relancer ce complexe et amorcer la fabrication de véhicules particuliers, dont l'Algérie est le plus grand importateur en Afrique (plus de 250 000 unités en 2008). L'impact de ce mouvement de grève n'a pas été encore évalué, mais il est certain que les retombées seront négatives du moins sur plan de la production étant donné le plan de charge assez important de la société.