Au terme de son premier déplacement et à la surprise générale, la délégation des observateurs arabes en Syrie, par la bouche de son chef, le général soudanais, Moustafa Al Dabi, a trouvé la situation «rassurante». La cinquantaine d'observateurs dépêchée, au début de la semaine en Syrie, par la Ligue arabe, pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme dans ce pays et vérifier si le plan de sortie de crise arabe a commencé à être appliqué par Bachar Al Assad, a poursuivi hier sa mission dans un climat d'extrême violence. Mais à la surprise générale, leur chef, le général soudanais, Moustafa Al Dabi, a trouvé la situation «rassurante» au terme de son premier déplacement mardi à Homs. «La situation paraît rassurante jusqu'à présent. Hier (mardi, ndlr), c'était calme et il n'y a pas eu d'affrontements. Nous n'avons pas vu de chars, mais nous avons bien vu quelques véhicules blindés», a-t-il déclaré à la presse, ajoutant qu'«il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure de la situation à Homs». M. Al Dabi a cependant admis que des enquêtes supplémentaires sont nécessaires. La présence d'observateurs de la Ligue arabe à Homs n'a pourtant pas empêché le régime syrien de maintenir la pression sur ses opposants. Les autorités ont même tiré des grenades lacrymogènes et fait usage d'armes à feu pour disperser les quelques 70 000 manifestants qui s'étaient rassemblés dans les principales places de la ville pour dénoncer les «crimes» commis la veille par l'armée syrienne lundi. La déclaration pour le moins inattendue du général Al Dabi permet d'émettre deux hypothèses : ou les observateurs en question circulent mais ne voient rien ou bien alors les rapports alarmants sur la situation des droits humains en Syrie diffusés quotidiennement par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) sont faux. Mais pour tout le monde, si les observateurs arabes n'ont rien vu à Homs c'est parce que dès mardi matin, les chars de l'armée syrienne ont vite fait de quitter ce fief de la contestation. Cela s'est fait juste avant l'arrivée du général Al Dabi et de ses hommes. Pour la petite histoire, la délégation a été prise à partie par des manifestants qui lui ont demandé de visiter le quartier sunnite de Baba Amr, où un grand rassemblement se tenait à quelques centaines de mètres là. Bien entendu, la délégation ne s'y est pas rendue. Comme quoi, il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Surtout lorsque celui-ci est chaperonné par les services syriens. Al Dabi et ses hommes n'ont rien vu Mais pour faire taire les critiques, le général Al Dabi a ordonné hier à une équipe de vingt observateurs de se déployer dans ce quartier. La population leur avait auparavant refusé l'accès en raison de la présence d'un officier de l'armée syrienne avant de les laisser y accéder. A ce propos, l'OSDH a dit «craindre que (...) les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins des violations des droits de l'homme commises en Syrie», et quittent le pays sans avoir pu voir la réalité. La Russie, principal soutien de Bachar Al Assad, a d'ailleurs appelé son allié à donner un maximum de liberté à la délégation afin de «créer des conditions de travail aussi agréables et libres que possible». Le Quai d'Orsay a, quant à lui, affirmé que les observateurs n'avaient pas pu «apprécier la réalité de la situation» en raison de «la brièveté de leur séjour» à Homs. Dans un geste de bonne volonté, le régime syrien a, indique-t-on, décidé de procéder à une nouvelle libération de personnes impliquées dans la contestation. Au total, 755 détenus ont été libérés hier, à condition «de ne pas avoir de sang syrien sur les mains», selon la télévision d'Etat. En novembre, plus de 4300 personnes arrêtées avaient déjà été libérées. Quoi qu'il en soit, après Homs, les observateurs ont poursuivi leur mission. Les équipes de Moustafa Dabi vont se déployer dès aujourd'hui à Idleb, Hama, dans un périmètre de 50 à 80 km autour de Damas et à Deraa où 4 soldats ont été tués et 12 blessés dans une attaque armée. La veille, 13 civils avaient été tués à Homs, épicentre de la contestation.