Près d'un millier de citoyens habitent un bidonville à Oued Aissi, sans espoir de recasement. Je suis né ici, dans ce bidonville, en 1967. Et je n'ai nul part ou aller car j'ai grandi ici. Ces gens qui vous entourent sont des citoyens Algériens qui revendiquent un logement décent et la concrétisation des promesses tenues par différents exécutifs qui se sont succédé à la tête de la wilaya quant à l'amélioration de notre cadre de vie», fulmine Mohamed, un habitant des baraquements qui jouxtent l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, sis à une dizaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. C'est pour cette raison que des centaines de citoyens, issus de ce bidonville, ont fermé la RN12 à la circulation automobile, hier, jusqu'en fin de l'après midi. Il y a prés de 50 ans, une centaine de familles est venue s'installer sur ce domaine public, un terrain relevant du territoire de la commune d'Irdjen. Mais depuis, certains jeunes se sont mariés et ont fondé des familles. Aujourd'hui, l'on compte prés de deux cents ménages, soit prés d'un millier de personnes qui y végètent dans des conditions extrêmement difficiles, privées de toutes les commodités d'une vie décente. Nombreux d'entre les habitants sont nés sous ses baraquement construits à l'aide de tôle en zinc et de planches en bois. Prés de la mosquée, des enfants, dont certains habillés de loques, jouent dans la cour. «Nous vivions depuis des années dans ces taudis, mais en 1985, nous avons créé une association qui a été agréée par l'administration de la wilaya pour demander nos droits. Des démarches ont été entreprises par notre comité auprès de l'administration de wilaya et l'APC d'Irdjen en vue de réaliser une salle de soins, l'évacuation des eaux usées et l'aménagement des routes qui traversent le quartier, mais rien n'est fait depuis», dit le représentant du comité qui nous fait visiter le bidonville. Depuis, les habitants ont obtenu l'électrification de leur logis, mais ils veulent une solution définitive : le recasement des familles dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire sur le même site. «Nous avons reçu les responsables et les techniciens des services techniques, à cet effet, mais ils disent que la construction de ces logements bute sur le problème de la nature juridique du terrain qui appartient aux services agricoles. Mais, pourquoi des particuliers ont pu construire sur les mêmes terres si elles appartiennent à direction de l'agriculture ?», s'interroge un habitant. Situé dans la plaine, prés du lit de l'Oued, le site n'est pas l'endroit idéal pour les enfants. Leur progéniture est exposée à tous les vices et maladies. «Nos écoliers parcours plusieurs kilomètres le long de la route pour se rendre dans les écoles situées à R'hahlia et au lieudit la Caps, dans la commune d'Irdjen», regrette un père de famille. «Nos enfants, ainsi que les personnes âgées souffrent de problèmes respiratoires, des maladies infectieuses à cause de l'humidité et l'insalubrité due à la pollution de l'eau et les fosses septiques qui débordent devant les maisons», s'insurgent les habitants du bidonville.