Les six barrages alimentant en eau potable l'agglomération oranaise ont atteint, selon nos informations, leur côte d'alerte en ce mois de janvier. Une situation inédite, jamais enregistrée en cette période. Si des changements dans les conditions atmosphériques n'auront pas lieu pour les deux mois à venir (février et mars), la situation s'accentuera d'avantage, notamment durant la période des grandes chaleurs et particulièrement pour le secteur de l'agriculture qui compte, à l'ouest, d'importantes superficies de cultures maraîchères. Pour ce qui est des céréales (50 000 hectares), malgré les labours d'octobre et de novembre, certains fellahs espèrent des jours meilleurs. Parmi les barrages et autres ouvrages hydrauliques, l'on citera, dans la wilaya de Tlemcen, ceux de Beni Bahdel et de Sidi Abdelli. A Mascara, les barrages de Fergoug, Ouizert et Bouhanifia et, enfin, pour la wilaya de Relizane, notre source cite celui du Gargar, l'un des plus importants du pays. Cet ouvrage, d'une capacité de 450 millions de mètres cubes, a été conçu, au départ, pour répondre aux besoins, en partie, de la zone industrielle d'Arzew et l'alimentation des populations d'Oran et des localités limitrophes. Actuellement, il emmagasine un volume qui ne dépasse guère les 10 millions de mètres cubes. Le Gargar, qui fournit un apport quotidien de plus de 90 000 m3 d'eau à Oran et Arzew, pourrait, toujours selon nos informations, d'ici la fin de ce premier trimestre être à sec. Cette situation pourrait être identique pour les cinq autres barrages. Ceux de Tlemcen comptent un volume de l'ordre de 17 millions de m3 d'eau, alors que leur capacité de retenue initiale est de l'ordre de 187 millions pour le Sidi Abdelli et 110 millions de m3 pour le Beni Bahdel. A ce propos d'ailleurs, l'on saura que le Beni Bahdel à été réalisé dans la région de Tlemcen durant la période coloniale par la municipalité d'Oran, spécialement pour son alimentation en eau potable. En raison de la baisse de la pluviométrie, l'Agence Nationale des Barrages est sollicitée pour prendre des meures afin d'éviter d'éventuelles épidémies, notamment les MTH. D'ailleurs, comme Oran, d'autres wilayas touchées par cette situation ont pris des mesures pour faire face à d'éventuelles maladies hydriques. A Oran, le wali vient de prendre des mesures en interdisant les forages de puits ainsi que la destruction de ceux réalisés dans les environs des commues de Boutlelis, Misserghin ou Ain El Türck, sans autorisation. Cette mesure a été prise pour protéger la nappe phréatique alimentant la station de Bredhéa qui fournit plus de 90 000 m3 d'eau quotidiennement pour la partie ouest de la ville d'Oran mais aussi les autres localités situées dans ce même couloir. Mesures de prévention Pour l'année 2004, les services de l'hydraulique avaient délivré une autorisation pour des opérations de forage de 26 puits et la construction de 168 réservoirs. Cette année, pour faire face à la sécheresse, douze retenues collinaires sont prévues, notamment du côté de Oued Tlélat et de Tafraoui. Des directives ont été données aux communes ainsi qu'aux secteurs urbains et sanitaires pour initier des meures de contrôles afin de déceler toutes contamination d'eau au niveau des puits, des châteaux d'eau, des réservoirs ou parmi les colporteurs. Ces équipes ont été renforcées par des biologistes et des vétérinaires. Rappelons, par ailleurs, que si aucun cas de MTH n'a été déclaré durant l'année 2005 au niveau d'Oran, la situation n'était pas la même pour l'année 2004 où 63 cas de maladies à transmission hydrique ont été enregistrés au niveau des localités d'El Hassi et de Haï Bouanama, en raison de la présence d'importants puits. Après la mise en place d'un nouveau programme de restriction, l'on est tenté de croire que d'autres mesures pourraient intervenir comme ce fut le cas dans les années 1980 où en raison de la sécheresse, des bains maures, des douches et même certaines stations de lavage de véhicules ont du baisser rideaux. Un citoyen s'est interrogé, ce lundi, en reprenant les déclarations du ministre des Ressources en eau qui avait affirmé, lors de son passage, dimanche, sur les ondes de la chaîne nationale que le Sahara algérien recèle plus de 40 000 milliards de mètres cubes d'eau : « Les pouvoirs publics ne peuvent-ils pas prendre des mesures pour soustraire cette importante quantité et faire bénéficier les populations de cette denrée rare ? » Et d'ajouter : « On a bien opté pour le dessalement d'eau de mer. Un process reconnu très coûteux. Pourquoi l'on n'opterait pas pour le transport de l'eau du sud vers le nord comme c'est le cas pour le transport des hydrocarbures ? »