L'Iran a demandé, hier, à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, de proposer «une date et un lieu» pour la reprise des négociations interrompues depuis un an. Nous attendons qu'une date et un lieu soient proposés par la chef de la diplomatie de l'Union européenne pour les négociations entre l'Iran et le groupe 5+1», à savoir les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, la France, la Chine et l'Allemagne, a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast. «Lorsque la date et le lieu proposés par Mme Ashton seront annoncés», Saïd Jalili et son équipe de «négociateurs nucléaires donneront leur point de vue et, lors de contacts, il y aura un accord final» entre les deux parties, a-t-il ajouté. Fin décembre, plusieurs responsables iraniens, notamment le chef des négociateurs nucléaires, Saïd Jalili, et le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, ont affirmé que l'Iran est «prêt» à reprendre les négociations nucléaires avec le groupe 5+1. Le même jour, l'Union européenne (UE) a adressé la demande de Téhéran. «La balle est dans le camp iranien», a déclaré Michael Mann, le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, en rappelant qu'elle attend toujours la réponse de Téhéran à sa lettre adressée en octobre aux dirigeants iraniens. Le niet de Mme Ashton Dans cette lettre, Mme Ashton demande à Téhéran de «démontrer sa volonté de répondre aux inquiétudes concernant la nature de son programme nucléaire». Michael Mann a précisé que «les Iraniens doivent d'abord répondre à cette lettre et ensuite nous verrons», observant qu'ils «font les choses à l'envers». Et de poursuivre : «Nous sommes prêts à des discussions sérieuses avec Téhéran. Cependant, il ne peut y avoir aucune condition préalable de la partie iranienne.» En l'absence de dialogue, l'UE continuera à renforcer ses sanctions contre Téhéran dans l'esprit de la stratégie de la «double approche», a relevé le porte-parole de Mme Catherine Ashton. Cette dernière a exhorté, le 18 novembre, Téhéran à accepter ses offres de négociation, à la suite de l'adoption par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une résolution sur le programme nucléaire iranien. Le 1er décembre, elle a indiqué n'avoir pas encore reçu la réponse de l'Iran. Le 22 décembre, l'ambassadeur d'Iran auprès de l'AIEA a déclaré qu'il allait rencontrer le chef des inspecteurs de l'AIEA, Herman Nackaerts, dans la première semaine de janvier afin d'organiser une visite en Iran «dès que possible». Le 27 du même mois, Ramin Mehmanparast a déclaré que l'Iran a «déjà donné sa réponse à Mme Ashton». Après huit ans d'enquête sur l'Iran, l'AIEA a publié un rapport évoquant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien. Sur la base de ce rapport, le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, qui comprend 35 Etats membres, a voté en novembre une résolution exprimant «une profonde et croissante préoccupation» sur le programme nucléaire de Téhéran, sans pour autant lui fixer d'échéance pour éclaircir les points soulevés dans le rapport. Divergence sur les sanctions Les Occidentaux accusent Téhéran depuis la relance en 2005 de ses activités nucléaires de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil. Pour contraindre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire, ils ont pris des sanctions à son égard pour les renforcer ensuite. Fin 2011, les Etats-Unis ont renforcé leurs sanctions contre le secteur financier de l'Iran, à travers le gel des avoirs de toute institution financière étrangère qui activera avec la Banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. A la même période, le président français, Nicolas Sarkozy, a appelé à un gel des avoirs de la Banque centrale iranienne et à un embargo sur les exportations de pétrole iranien. En revanche, au sein de l'UE, des divergences existent quant au renforcement de ces sanctions. Même si le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a exprimé hier son «bon espoir d'aboutir sur ces deux éléments» en fin de mois. La Grande-Bretagne a déjà coupé en novembre ses liens avec les banques iraniennes, dont la Banque centrale. Selon une source diplomatique européenne, Berlin refuse de viser comme cible directe la Banque centrale iranienne. Le 1er décembre, Alain Juppé a reconnu que la Grèce a «émis un certain nombre de réserves» sur des sanctions relatives au pétrole. En 2010, l'UE a acheté 18% du pétrole iranien commercialisé dans le monde, le reste est écoulé principalement en Asie. Outre la Grèce, le pétrole iranien est exporté vers l'Italie, l'Espagne et la Belgique, et dans une faible mesure vers la France. Favorable à de nouvelles sanctions, l'Italie, qui importe d'Iran 13% de son brut, demande qu'un éventuel embargo n'inclut pas le pétrole livré par l'Iran comme moyen de paiement au groupe pétrolier italien ENI. Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a récemment justifié cette option par le fait que ces livraisons ne donnent pas à Téhéran «davantage de ressources financières».