Au mois de décembre dernier à Bruxelles et lors de la signature de l'accord Sonelgaz-Desertec, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, avait évoqué la nécessité pour l'Europe d'ouvrir son marché à l'électricité solaire pour faciliter le partenariat. En l'absence de données sur les négociations, la question de la circulation des personnes, qui a déjà été évoquée par l'Algérie, et l'ouverture du marché de l'électricité devraient être des sujets importants pour la conclusion de l'accord stratégique dans le domaine de l'énergie entre l'Algérie et l'UE. La volonté de l'Union européenne d'arriver à un accord stratégique avec l'Algérie dans le domaine de l'énergie peut paraître un simple exercice de style tant les relations entre les deux parties sont importantes et surtout très étroites avec l'Accord d'association et son article 61 relatif à l'énergie. De plus, les trois gazoducs déjà opérationnels, et un quatrième en projet, le Galsi, sont un «lien physique» qui sécurise l'approvisionnement en gaz naturel de l'Union européenne. L'Algérie fournit déjà 14% de l'énergie consommée dans l'UE. Pour comprendre le mouvement de négociation entamé avec des partenaires de plusieurs continents, il faut savoir que, selon les statistiques de la Commission européenne, d'ici 2030, l'Europe sera dépendante à 94% pour le pétrole et à 83% pour le gaz. Aussi, elle veut s'entourer de toutes les garanties à travers des accords spécifiques pour assurer la sécurité de ses approvisionnements. Dans un document qui explique cette voie, l'UE a défini la nécessité d'«un développement d'une politique énergétique extérieure cohérente et efficace, avec pour objectif de renforcer la sécurité énergétique de l'UE et de soutenir la lutte contre le changement climatique». Concernant l'Algérie, les discussions ont été entamées il y a plusieurs années déjà. En novembre 2006, à Oran, en marge de la conférence sur les opportunités d'investissement, le commissaire européen à l'énergie de l'UE de l'époque, Andris Piebalgs, avait déclaré que l'Algérie et l'UE étaient en train de préparer un accord stratégique dans le domaine de l'énergie qui «englobe trois aspects : la coopération dans le domaine de la régulation, les projets d'intérêt communs tels que le Medgaz, le Galsi et le gazoduc Algérie-Nigeria ainsi que les énergies renouvelables». A l'époque, Sonatrach était en butte à des blocages, notamment en Espagne, et aucun signal positif n'était venu de Bruxelles. En 2009, on apprendra que lors des discussions, le gouvernement algérien avait mis sur la table la question de la circulation des personnes. Au mois de juin 2010, en visite à Alger, le nouveau commissaire européen à l'énergie, Günther H. Oettinger, avait annoncé que l'Algérie et l'UE pourraient signer un mémorandum d'entente dans le domaine de l'énergie avant de parvenir à la conclusion de l'accord stratégique. Hier, sur les ondes de la Radio nationale, c'était au tour du ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de déclarer qu'«un accord sur l'énergie entre l'Algérie et l'Union européenne est actuellement en cours de finalisation et pourrait être signé courant 2012», en rappelant que l'Algérie «est un des pourvoyeurs les plus importants, les plus sérieux et les plus sûrs de l'UE en matière d'énergie». Le ministre a toutefois tenu à préciser, au sujet de la circulation des personnes d'Algérie vers l'Europe, que «ce problème avance à un rythme plus lent».