Le parquet a requis, hier, la peine capitale contre l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, accusé d'être responsable du meurtre de manifestants lors de la révolte contre son régime début 2011. «La loi prévoit la peine de mort pour le meurtre prémédité», a déclaré l'un des procureurs, M. Khater, en réclamant la «peine maximale» devant le tribunal du Caire où est jugé l'ancien chef d'Etat. La peine de mort a également été requise contre l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib El Adli, et 6 ex-responsables des services de sécurité, jugés en même temps. Jugés comme leur père pour corruption, une inculpation passible de 15 ans de prison, les deux fils Moubarak, Alaa et Gamal, risquent la peine maximale. Agé de 83 ans, le raïs déchu comparaît allongé sur une civière et plaide non coupable. Le procès a été ajourné aux 9 et 10 janvier. Un autre procureur, M. Souleimane, a réfuté à l'audience l'idée que M. Moubarak ait pu ignorer les tirs contre la foule lors de la révolte contre son régime tout en soulignant que le ministre de l'Intérieur de l'époque, M. El Adli, «ne pouvait pas donner des ordres de tirer sur les manifestants sans avoir obtenu des instructions de Moubarak». Le procureur Souleimane avait affirmé mercredi qu'il dispose de preuves solides concernant l'implication de M. Moubarak dans le meurtre de manifestants, mais a aussi dénoncé le manque de coopération «délibéré» des nouvelles autorités avec l'accusation. C'est aussi ce que nous a déclaré Amr Al Kafil, coordinateur général de l'Alliance des révolutionnaires égyptiens, qui voit dans la demande de la peine maximale ainsi que dans les chefs d'inculpation – qualifiant certains de «bidon» vu qu'«il est impliqué dans le meurtre et la torture de milliers de personnes en 30 ans de règne» – «une manœuvre consistant à faire des concessions afin de contenir la colère du peuple, qui veut le vrai changement». Pour le militant, «en l'absence d'une volonté politique de changement, on ne peut pas dire que justice sera faite. Le régime en place, qui est le même que celui qu'incarnait Moubarak, ne coopère pas. Pire, il protège l'ex-Président en cachant les preuves nécessaires à une condamnation ferme et juste». Le militant va plus loin et déclare qu'un procès équitable aurait été assuré par une cour internationale appliquant le droit international. Mais Amr, à l'instar du peuple égyptien, est optimiste. «Ce n'est pas terminé. Rendez-vous le 25 janvier prochain, un an après le début de la révolution. Nous investirons de nouveau les rues pour mettre définitivement un terme à l'ancien régime», nous a-t-il déclaré.