ArcelorMittal fait face à une obligation contractuelle de remboursement d'un crédit bancaire arrivé à terme le 3 janvier 2012. Un retard dans la disponibilité locale des fonds est intervenu suite à une demande inattendue de garanties supplémentaires exigées à ArcelorMittal Annaba. Les deux actionnaires de la société – le groupe ArcelorMittal et le gouvernement algérien via le groupe Sider – coopèrent activement à l'effet d'évaluer la nouvelle situation et résoudre le problème dans les meilleurs délais», a révélé hier, à El Watan, Mohamed Guedha, directeur de la communication du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Voulant tirer la situation au clair, M. Guedha, qui a confirmé que demain (8 janvier 2012), la direction d'ArcelorMittal sera, certes, au rendez-vous au tribunal d'El Hadjar (Annaba) «pas pour étudier les procédures de dépôt de bilan de l'entreprise, mais pour le saisir de la situation de cessation de paiement à laquelle elle fait face depuis le 3 janvier pour rembourser son crédit». Contacté, le partenaire social a confirmé que l'entreprise est, en effet, en crise de liquidités. «ArcelorMittal Annaba ne dispose pas actuellement de liquidités pour permettre normalement son fonctionnement et honorer ses échéances bancaires d'un prêt de 120 millions de dollars» a-t-il affirmé. A une question relative aux garanties supplémentaires exigées par la BEA, Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat, a répondu que «la mise en place du plan de financement proposé par la BEA, qui était attendu avant le 31 décembre 2011, se trouve bloquée par une demande inattendue de garantie supplémentaire et un problème réglementaire de mise en place de cette garantie, en l'occurrence l'hypothèque sur le terrain sur lequel l'entreprise ArcelorMittal Annaba est établie, alors que des garanties sur le nantissement des installations existantes et futures ont été données, représentant environ quatre fois (46 milliards de dinars) la valeur du financement à octroyer». SITUATION FINANCIÈRE DIFFICILE Intervenant jeudi sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, s'est dit informé de la situation financière difficile de la filiale algérienne du géant mondial de l'acier, notamment du refus de la BEA de lui accorder un prêt de 270 millions de dollars nécessaire pour l'appui de son plan d'investissement estimé à 500 millions d'euros (Lire El Watan Week-end du vendredi 6 janvier 2012). Tout en soulignant l'évolution positive de la position d'ArcelorMittal Annaba, qui a fini par offrir des garanties, le ministre a assuré que «la banque a déjà accordé à ce partenaire 5 milliards de dinars, dont 1,5 milliard libérés mercredi, sur une demande globale de 13 milliards de dinars». Et d'expliquer que «pour ce premier prêt, la banque a obtenu comme garantie un nantissement sur les équipements, mais elle attendait d'autres garanties pour libérer les 8 milliards restants. Il s'agit d'un crédit relais que l'entreprise avait eu auprès d'une autre banque». Pour ce faire, la filiale algérienne du groupe ArcelorMittal n'a pas lésiné sur les efforts, faisant appel à la maison mère, au Luxembourg, pour l'assister dans la mobilisation d'autres garanties et conclure un accord avec la BEA. M. Benmeradi a aussi souligné que «bien qu'il soit disposé à aider ArcelorMittal, le gouvernement algérien a pour vocation d'assister les investissements nationaux, pas étrangers. ArcelorMittal est un opérateur étranger qui doit assumer ses responsabilités et nous sommes un partenaire minoritaire», Sider étant actionnaire à 30%. LA PROTESTATION POUR DEBLOQUER LA SITUATION Devant cette situation, le partenaire social n'est pas resté inactif. Dans un communiqué rendu public, hier, il a annoncé, à l'issue d'un conseil extraordinaire élargi, des actions de protestation à l'effet de débloquer en extrême urgence le plan de financement et d'investissement. «Depuis mars 2011, ArcelorMittal Annaba est confrontée aux lourdeurs bureaucratiques et administratives, aux tergiversations et aux calculs politiciens et ambitions électorales des uns et des autres. A défaut du financement, nous revendiquons la récupération, par l'Etat, du complexe d'El Hadjar et de la tuberie sans soudure (TSS). Arrivé à ce stade, le conseil syndical lancera alors les actions de contestation portant sur l'organisation, jeudi 19 janvier, d'une journée de protestation regroupant tous les élus représentant les travailleurs (syndicat/CP) au niveau du siège du groupe Sider, à Chaïba (Sid Amar)», a-t-il menacé, non sans annoncer la radicalisation des actions en déplaçant la colère sur Alger. En effet, il est prévu également, selon toujours le même document, un sit-in les 24 et 25 janvier prochains regroupant les secrétaires généraux des sections syndicales et les coordinateurs CP avant d'en arriver à une grève générale et illimitée. «Nous préférons cependant la concrétisation de ce programme pour sauver le complexe d'El Hadjar et les milliers de postes d'emploi et, par voie de conséquence, préserver la stabilité de toute une région», a-t-il conclu.