Une commission d'enquête interne au FLN sera bientôt mise sur pied afin de tirer au clair la désormais affaire des listes comportant les noms des membres de l'instance exécutive, classés selon leur degré d'allégeance à Abdelaziz Belkhadem. Ces listes ont été mises en circulation dans les rangs du parti, mercredi dernier. La presse en a reçu des copies. La décision d'enquêter sur les auteurs de ces listes « subversives » a été prise par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, lors de la session de l'instance exécutive, clôturée hier, après un débat houleux autour de ces listes, où certains membres n'ont pas hésité à accuser leurs pairs. S'exprimant, hier, dans une conférence de presse tenue au siège national du parti à Alger, M. Belkhadem a reconnu que beaucoup de membres, dont les noms sont classés dans la rubrique de ceux qui sont contre lui ont vivement dénoncé cet acte. « Les débats sur cette affaire ont duré une heure. Mais il n'y a pas eu de tension », a-t-il précisé avant de dénoncer ce qu'il qualifie de « tentatives de déstabilisation contre le parti ». Selon lui, ces tentatives « ont été un flop » et la commission d'enquête « en démasquera les responsables ». Convaincu que l'objectif de ces listes était de « semer la discorde entre les membres de l'instance exécutive », M. Belkhadem veut savoir exactement qui est derrière ces manœuvres. S'ils sont du FLN ou pas. « S'ils sont au FLN, ils passeront devant la commission de discipline », a-t-il martelé tout en ajoutant que « le FLN a besoin de stabilité ». D'après lui, la composante de l'instance exécutive ne changera pas. Sur un autre plan, M. Belkhadem a indiqué que les comptes du parti fonctionnent et que les collectes d'argent en 2005 ont atteint 64 millions de dinars. Selon lui, la direction fera tout pour récupérer les biens du parti depuis l'indépendance. Pas d'antagonisme M. Belkhadem a, tout de même, reconnu que le parti connaît des difficultés dans l'opération d'adhésion. « C'est la première fois depuis 20 ans qu'une révision aussi générale des listes des adhérents du parti est entreprise, ce qui nous permettra d'avoir une idée précise de sa composante », s'est-il réjoui avant d'expliquer : « Si l'opération de renouvellement des structures de base a pris du temps, c'est pour éviter le clientélisme électoral. » Revenant sur la santé du chef de l'Etat qui est également le président du FLN, M. Belkhadem a rassuré que Abdelaziz Bouteflika est en bonne santé et poursuit ses activités normalement. « Vous allez vérifier cela lors de la prochaine visite du président brésilien en Algérie », a-t-il précisé. Il a insisté, en outre, sur la bonne santé de l'alliance présidentielle. « L'alliance va bien. Il n'y a rien de ce qu'on rapporte dans la presse. Le FLN va bientôt recevoir la présidence de cette structure et va redynamiser et réactiver ses instances durant son mandat qu'il entamera lors de la prochaine rencontre entre les trois formations », a-t-il insisté. Il estime tout de même que ce triumvirat, assurant la direction du pays, « n'a pas encore atteint la maturité qui peut le prémunir contre de possibles déviations ». « Nous sommes encore au début d'une culture d'alliance politique », a-t-il lâché. S'agissant du contrôle de son parti de l'action gouvernementale, par ce qui est appelé « le gouvernement de l'ombre », M. Belkhadem a soutenu que cela ne vise « aucune autre partie ». « Nous sommes au gouvernement. Le travail de contrôle nous concerne également. Il n'y a pas d'antagonisme », a-t-il expliqué tout en défendant l'idée de la révision constitutionnelle. Abordant les textes de loi portant la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le SG du FLN a indiqué qu' »ils sont presque prêts ». « Leur contenu est dans le projet de charte, à savoir les disparus, les indemnisations, les personnes concernées par l'arrêt des poursuites judiciaires... », a-t-il souligné. Selon lui, les textes de loi ne tarderont pas à atterrir au conseil de gouvernement, puis au Conseil des ministres avant qu'ils ne soient promulgués par le président de la République qui légiférerait selon toute vraisemblance par ordonnance. « Il est souverain, car le peuple lui a donné carte blanche d'agir pour concrétiser ce projet », a précisé le conférencier. Dédommagement Revenant sur la décision du Parlement français, suite à la demande du président Jacques Chirac, d'abroger l'article 4 de la loi du 23 février évoquant le rôle positif de la colonisation, M. Belkhadem a d'abord salué cela le considérant comme « un signe positif qui redonne la chance à tout ce qui peut servir les intérêts des deux peuples ». « Nous ne pouvons que nous réjouir des positions de certaines personnalités politiques, de certains partis, de certaines associations contre l'apologie du colonialisme », a-t-il indiqué. Au-delà de la démarche du président français, M. Belkhadem estime qu'il faudra que « la France officielle fasse des excuses au nom de la France coloniale, pour tous les crimes, les massacres collectifs, les enfumades et les tentatives d'effacer l'identité nationale, commis 132 années durant ». « Ceux qui, a-t-il ajouté, ont connu les enfumades, ceux qui ont comptabilisé des victimes dues à ceux qui ont été emmurés, ceux qui ont fait l'objet de massacres collectifs, ceux qui n'ont pas eu la possibilité d'aller à l'école, ceux qui n'ont pas été soignés, qui ont eu à subir la dépersonnalisation sont en droit de demander des dédommagements à la France coloniale ». Pour lui, le traité d'amitié, qui devait être signé entre les deux pays, est plutôt une affaire d'Etat.