La deuxième session de l'instance exécutive du FLN, haute autorité entre deux congrès, tenue hier à l'hôtel Mouflon d'Or (Alger), a failli tourner à la catastrophe. La séance matinale, qui s'est déroulée comme tous les travaux de la session à huis clos, a connu des accrochages entre certains membres de cette instance. Cela s'est produit, bien entendu, loin des caméras et des appareils photo. Les journalistes ont été priés de quitter la salle des réunions juste après le discours d'ouverture, prononcé par le secrétaire général (SG) du parti, Abdelaziz Belkhadem. Le sujet qui a suscité la colère de certains et provoqué des frictions entre des membres de cette instance, est, selon des indiscrétions, le fameux « document » subversif mis en circulation dans les rangs du parti et qui devait être remis à M. Belkhadem. Reçu également par la presse, ce document de sept pages comporte trois listes nominatives des membres de l'instance exécutive, lesquelles ont été classées selon le degré d'allégeance de chacun à M. Belkhadem. La première comporte les noms de ceux qui le soutiennent, la seconde ceux qui, bien que n'exprimant pas ouvertement leur opposition, déterminent leur position par rapport à l'évolution de la situation au sein du parti. La dernière liste dégage les noms de ceux qui peuvent verser dans le camp de l'opposition à Belkhadem. Selon les échos recueillis sur place, certains membres se sont mutuellement accusés. La tension est montée d'un cran à tel point que certains ont perdu leur sang-froid... Les esprits ne se sont calmés qu'après l'intervention de M. Belkhadem. Pour rappel, M. Belkhadem a déclaré mercredi dernier à El Watan n'avoir pas été destinataire d'un tel document. Abdelhamid Si Affif, membre de l'instance exécutive, a indiqué qu'il connaît « parfaitement le département qui a élaboré et diffusé ce tract au sein du parti et des médias ». A-t-il révélé lors de cette rencontre l'identité de celui (ou de ceux) qui était derrière la préparation ou la diffusion de ce document ? Approché hier, il a refusé de nous faire la moindre déclaration. Si Affif s'est illustré, avant l'élection présidentielle de 2004, par les attaques contre le FLN, dirigé alors par Ali Benflis, dont la célèbre « descente », dobermans à l'appui, contre la mouhafadha de Mostaganem. Quelque chose se trame-t-il au sein de la maison FLN ? M. Belkhadem a donné un ton offensif à son discours d'ouverture en parlant d'« esprits malveillants » et de « mauvaises intentions » de certains, sans préciser le statut ni la place de ces personnes au sein du FLN. Rappelant la difficile crise traversée par le parti, le chef en second du FLN a précisé qu'« il n'y a point de place pour ceux qui persistent dans la tergiversation lors des prochaines échéances ». Il estime que « les tentatives de semer la discorde et d'entamer la volonté des militants n'ont fait que renforcer leur cohésion et leur confiance en un avenir meilleur pour le parti ». Pour lui, toutes les difficultés qui ont surgi lors de l'opération de renouvellement des structures « ont été aplanies grâce à la détermination des militants qui ont su faire preuve de sérieux et de patience ». Le SG a également tiré sur « ceux qui tablaient sur l'échec du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation », lesquels, selon lui, « n'ont eu qu'une grosse déception ». Poursuivant son discours, M. Belkhadem a indiqué également que la maladie du président et les rumeurs qui l'ont suivie « ont dévoilé certains indices de complot ». Il a ainsi réitéré son allégeance et celle de son parti au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, également président d'honneur du FLN. Revenant sur les groupes de travail mis en place, notamment pour surveiller l'action gouvernementale et réviser la Constitution, la loi sur les partis et le code électoral, M. Belkhadem a soutenu que « la création de commissions ad hoc pour examiner certaines lois procède de la vigilance politique dont doit faire preuve tout parti désirant renforcer sa présence au pouvoir ». Le SG du FLN ne cache pas cependant son « ambition de rester la plus grande force politique du pays ».