Le FLN s'oppose à l'application stricte des instructions du Fonds monétaire international (FMI). « Nous sommes pour une économie de marché qui prenne en charge la protection sociale et la préservation des emplois », a déclaré Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et secrétaire général du FLN, lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège de son parti à Alger. Le FLN, pourtant partie prenante de l'Exécutif d'Ahmed Ouyahia, donne ainsi tout l'air de s'opposer à la politique économique du gouvernement. Un Exécutif qui paraît encore suivre à la lettre les recommandations du FMI. Le secrétaire général du FLN ne s'arrête pas là, puisqu'il charge également le gouvernement sur les questions des salaires, de l'emploi et de la privatisation des entreprises publiques. « Nous ne sommes pas pour une approche économiste. Dans l'économie de marché, il n'y a pas que les équilibres macroéconomiques à prendre en considération. Dans la fixation des salaires, il y a une panoplie d'indices à analyser », a affirmé Abdelaziz Belkhadem pour justifier sa position. A rappeler qu'alors que le chef du gouvernement s'est opposé à l'augmentation des salaires, Abdelaziz Belkhadem avait soutenu la légitimité des revendications des travailleurs. En visite récemment en Algérie, un haut responsable du FMI avait, rappelle-t-on, jugé inopportune la revalorisation des salaires. Pour le patron du FLN, le redressement de l'économie nationale n'était pas dû aux instructions du FMI, mais à la hausse des prix du pétrole. « Nous ne sommes pas obligés de suivre la recette FMI. Il y a des pays qui ne l'ont pas fait, tels que la Malaisie, et qui ont pu développer leur économie. C'est à cela qu'il faut réfléchir », a-t-il souligné. Le FLN, a-t-il indiqué, a mis en place un groupe de travail pour étudier les problématiques de l'emploi et des salaires ainsi que la privatisation. Ce groupe, selon lui, a déjà élaboré une étude sur la question. Cette étude de 77 pages a conclu entre autres, a-t-il dit, au fait que les transferts sociaux sont beaucoup plus élevés que durant l'époque du parti unique et de l'économie dirigée. Ces transferts s'élèvent aujourd'hui à 512 milliards de dinars. Mais la réflexion du plus vieux parti, a-t-il ajouté, sera affinée davantage par l'élaboration de deux autres études. Toutefois, en critiquant la politique de l'Exécutif, le FLN, a précisé M. Belkhadem, ne se désengage pas du gouvernement. « Au sein du gouvernement, il y a trois partis avec des programmes différents qui se sont engagés à réaliser un quatrième programme, celui du président de la République », a-t-il soutenu. Cependant, dans le programme du Président, a-t-il expliqué, il y a des dossiers qui ont avancé et d'autres qui souffrent de lenteurs. « Ce sont ces lenteurs que nous voulons éviter en donnant des propositions », a-t-il souligné, sans toutefois préciser la nature de ces lenteurs et les dossiers qui en souffrent. Pour l'orateur, les partis de l'alliance présidentielle ne divergent pas sur la mise en œuvre du programme du président de la République, mais seulement sur la manière de le mettre en œuvre. « Notre programme n'est pas différent de celui du Président, c'est pour cela que nous sommes à l'aise », a-t-il ajouté. Y a-t-il un parti de la coalition gouvernementale qui est mal à l'aise ? Concernant les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Belkhadem dira qu'ils seront promulgués prochainement. Sur le plan organique, l'instance exécutive du FLN a procédé, hier, à la mise en place d'une commission d'enquête pour définir les gens ayant diffusé la fameuse liste classant les membres de l'instance exécutive du FLN selon le degré d'allégeance à Abdelaziz Belkhadem. L'opération de renouvellement des structures du parti se poursuit, selon M. Belkhadem. Selon lui, celle-ci sera achevée à la fin mars prochain. Le conseil national du parti se réunira également en session ordinaire à la fin mars ou début avril.