Lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de la Laddh, à Alger, des cadres du Fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS), qui se disent «victimes de l'arbitraire», ont dénoncé les «malversations et les dépassements constatés dans la gestion du Fonds par le directeur général». Parmi les reproches retenus, citons des mutations sans justification, des anomalies dans la distribution de logements et des défaillances en matière de passation de marchés. Khelfi Noureddine, directeur de l'antenne régionale (DAR) de Constantine, s'est retrouvé dans une situation inconfortable. Il a été appelé à d'autres fonctions après trois congés depuis 2007. La direction a refusé de lui délivrer un certificat de travail et, aujourd'hui, il se retrouve sans ressources et il n'est ni licencié ni en retraite. Plusieurs cadres vivent cette situation embarrassante. Dans un document remis à la presse, il est mentionné : «Nous sommes très surpris par cette personne qui a dilapidé les deniers publics, usé et abusé du patrimoine du Fonds à sa guise, commis ou fait commettre des faux et usage de faux, exercé un chantage sans précédent sur les partenaires du fonds (BET et ETB) et a ruiné un grand nombre d'entrepreneurs qui ont refusé son diktat et son chantage de lui verser des pots-de-vin.» Ces cadres se demandent comment il est maintenu à son poste malgré de nombreuses lettres de dénonciation adressées par le personnel et les rapports accablants établis par les organes de contrôle : IGF et Cour des comptes. Ils affirment que des documents faisant état de malversations et de dépassements ont été transmis aux hautes autorités, dont le ministre de tutelle (ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale), le Premier ministère et la présidence de la République. «Jusqu'à aujourd'hui, nous sommes navrés de constater qu'aucune information judiciaire n'a été ouverte pour tirer les choses au clair et situer les responsabilités.» Les cadres marginalisés ont tenu à souligner que l'opération d'attribution de logements dans la wilaya d'Alger a été caractérisée par «des irrégularités et dépassements, par l'inexistence des registres des ‘demandes de logements' et des ‘dossiers rejetés'» au niveau de la DAR. Une durée très longue a été constatée entre le dépôt des dossiers (août 2005) et la date de la première réunion de la commission de wilaya pour la sélection des bénéficiaires (février 2008). 467 bénéficiaires ne figuraient pas sur la liste des présélectionnés (ajoutés par le directeur général après son installation). Parmi eux sont inscrits des employés du FNPOS, de la présidence de la République, du ministère du Travail et de la Sécurité sociale et des proches des membres du conseil d'administration. Certains postulants retenus n'avaient même pas déposé de dossier ; d'autres ne résidaient pas dans la wilaya d'Alger ; plusieurs autres dossiers étaient incomplets, dépourvus des documents requis sous peine de rejet : bulletin de paie, attestation de travail… Le prix de cession des logements FNPOS a été fixé par la convention-cadre gouvernement (ministère de l'Habitat)/UGTA/FNPOS conclue en 2004 ; il a été fixé à 18 000 DA le mètre carré. Néanmoins, le directeur général n'a pas trouvé mieux que de réajuster le prix de cession sur la base du prix de revient (prix coûtant) et ce, dans le but de décourager et d'obliger les postulants bénéficiaires à se désister pour qu'il puisse les remplacer à sa guise par d'autres postulants ou d'autres personnes qui ne remplissent pas les conditions sans passer par les commissions statuaires.