Les agrumes sont cédés entre 50 à 60 DA le kilogramme au champ. Au bout de toute une chaîne d'intermédiaires, les oranges se retrouvent au triple prix sur le marché. L'agrumiculture fait face à un problème majeur d'insuffisance d'irrigation. «Nous avons besoin d'avantage d'eau», affirme Rachid Baouche, président de la chambre d'agriculture et un des 750 agrumiculteurs de Béjaïa. Cet agrumiculteur réclame notamment la relance de l'Office des périmètres irrigués (OPI). «Actuellement, nos vergers ne reçoivent de l'eau que durant deux heures par hectare et par semaine. C'est très peu», déplore cet arboriculteur. Comme solution palliative, ce dernier sollicite également de l'administration la délivrance des autorisations au profit des agrumiculteurs pour pouvoir créer des forages. L'irrigation est un axe prioritaire pour le développement de l'agrumiculture. Pour ce faire, la filière souhaite la généralisation de la micro-irrigation, les agrumes étant une culture très exigeante en eau. L'objectif pour l'heure est de réduire un tant soit peu cette exigence en eau en adoptant ce procédé. Outre la vieillesse du verger, c'est beaucoup plus l'irrigation qui constitue le problème majeur pour les agrumiculteurs. Les rendements en Algérie sont très en deçà des normes en vigueur à l'échelle mondiale. Selon M. Baouche, «les prévisions tablent, cette année, sur un rendement de 19 tonnes à l'hectare». Un rendement très faible puisque la production ne dépassera pas les 38 000 tonnes, cette année. «Les vergers produisent 22 tonnes à l'hectare de la variété Thomson et seuls 8 tonnes à l'hectare de la clémentine», fait savoir M. Baouche. La moyenne des rendements des années précédentes se situait à 17 tonnes/ha. «C'est très peu! Parce qu'il n'y a pas assez d'eau mais aussi à cause du vieillissement des vergers», affirme, de son côté, M. Oussalah, secrétaire général de la chambre d'agriculture. Les contrats de performance établis par le ministère de l'agriculture tablent sur un rendement de 17,8 tonnes à l'hectare. De l'avis des agrumiculteurs, le rendement est essentiellement tributaire des aléas climatiques. La surface dédiée à l'agrumiculture est passée de 1 538 ha en l'an 2000 à 2 000 ha aujourd'hui. L'objectif est d'atteindre 2800 ha en 2014. 62% du verger à Béjaïa est constitué de l'orange Thomson et Washington, 15% de clémentine. Les agrumes ont, certes, doublé en surface mais la moitié du verger est vieille, datant de plus d'un demi-siècle. La nationalisation des fermes agrumicoles au lendemain de l'indépendance a laissé place à des domaines agraires publics avant leur restructuration, en 1987, en exploitations agricoles individuelles (EAI) et collectives (EAC). Près de 820 ha de nouvelles plantations ont vu le jour depuis 2000 dans le cadre du PNDA. Autre contrainte: l'agrumiculture n'a eu droit qu'à peine 3% des aides agricoles. «Les aides sont en deçà des attentes. Les engrais, les produits phytosanitaires, les tracteurs et les moyens d'irrigation sont tous trop chers et hors de portée pour les petits agrumiculteurs», se plaint un agrumiculteur. Pourtant, le secteur recèle un fort potentiel de développement notamment à l'exportation. Les producteurs devront lancer un programme de renouvellement et d'extension des plantations. Enfin, les agrumiculteurs soulignent une contrainte de taille : le circuit commercial. «La commercialisation est malheureusement assurée par plusieurs intermédiaires. Ceci favorise la spéculation», déplore M. Baouche. Les agrumes sont cédés entre 50 à 60 DA le kilogramme au champ. Au bout de toute une chaîne d'intermédiaires, les oranges se retrouvent au triple prix sur le marché. «La filière a besoin de coopératives pour la commercialisation», plaide M. Oussalah. M. Baouche réclame, quant à lui, «une place au marché de gros à Béjaïa.»