Les étudiants de l'Institut de formation et de perfectionnement des maîtres de l'école fondamentale (MEF) Fatma Zahra, de Ben Aknoun, observent, depuis samedi, une grève illimitée pour réclamer, notamment, l'explicitation de la nature de leurs diplômes obtenus après trois ans de formation. Deux étudiants, au nom des grévistes, se sont déplacés, hier, à notre rédaction pour faire état de la confusion dans laquelle évoluent les étudiants, ballottés entre le ministère de l'Education nationale et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Les étudiants de la première promotion, qui sortira en juin, ne savent guère s'ils sont des licenciés ou des enseignants. Ils réclament, ainsi, une appellation à ce diplôme avec un cachet officiel de la tutelle. « Nous ignorons notre sort. L'administration ne dispose même pas d'un cachet », déplore Mansour, en 3e année arabe, arborant une carte de formation délivrée par le chargé de l'administration, le 29 janvier 2006, portant un cachet de « l'Institut technologique de filles », fermé depuis 1989. Les grévistes demandent, également, une note officielle pour définir la catégorie et l'échelle de leurs diplômes dans la Fonction publique. « Nous voulons aussi voir les contrats de nos affectations », réclament-ils. « Pas de directeur, ni de bibliothèque, ni de centre de soins, ni de médecin », résume Mansour, outré. « Récemment, on a dû transporter par nos propres moyens une étudiante qui est tombée malade en pleine nuit », dira Yacine, qui poursuit ses études en tamazight. « Je suis en 2e année en tamazight et nous n'avons qu'un seul prof. Nous n'avons ni programme, ni stage pratique, ni prof de français », atteste-t-il. Et ce n'est pas les problèmes sociaux qui manquent puisque les représentants des grévistes témoignent qu'ils n'ont pas mangé de viande depuis le début de l'année scolaire. Exception faite du Ramadhan lorsque des boulettes avec du riz ont été servies aux étudiants. « Une orange est divisée en portions pour les distribuer aux étudiants », indique Yacine sur un ton ironique. Les étudiants qui font état de grèves similaires aux instituts de Ouargla et de Béchar menacent, dans le cas d'une impasse, d'élargir leur mouvement de protestation au niveau national. Du côté de la tutelle, le département de Benbouzid a, dans une note signée par le directeur de la formation et adressée aux directeurs d'institut, que la décision interministérielle (Education et Enseignement supérieur) n'a pas été encore signée. Par ailleurs, les étudiants de l'Institut national de formation supérieure, cadres jeunesse de Texraine ont entamé un mouvement de grève ouvert depuis dimanche dernier. Les protestataires réclament des explications sur la tutelle en application, du Journal officiel de 2001, qui stipule que la tutelle pédagogique revient au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) alors que la tutelle administrative est exercée par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). « Nous avons remis une lettre en main propre à M. Guidoum, le 23 octobre 2005, pour une prise en charge de notre situation ambiguë », dira Bachir qui s'est déplacé, hier, à notre rédaction. Deux promotions sont sorties en 2004 et 2005 et les diplômés se trouvent, à ce jour, au chômage. « La responsabilité de notre situation incombe au MJS », tranche Bachir, en 4e année, et qui aura son diplôme cette année en tant que conseiller pédagogique de la jeunesse. Bachir atteste que les diplômes sont rédigés à la main avec des fautes d'orthographe. En se référant au statut particulier du secteur de la jeunesse et des sports, les diplômés de ces instituts sont prioritaires dans l'emploi. Mais le terrain contraste avec les textes. « Pour demander l'équivalence au MESRS, le département de M. Harraoubia ne reconnaît pas ces diplômes », ajoute notre interlocuteur qui nous montre le Journal officiel du 30 juin 2004 où figure le MESRS comme tutelle pédagogique. Ainsi, ni perspective dans le marché de l'emploi ni dans la post-graduation universitaire. Les étudiants grévistes réclament aussi de relancer les commissions interministérielles qui veillent sur l'accompagnement des étudiants durant leur formation. Les protestataires exigent, également, la mise en place d'une enquête sur la gestion « irresponsable » de l'institut par le directeur. « Nous n'avons ni internet, ni ouvrages de bibliothèque, ni excursion alors que la restauration est très médiocre », conclut Rachid.