Cette commune de 60 000 habitants ne dispose pas d'infrastructures publiques et d'équipements collectifs pour répondre aux attentes de la population locale. La dotation de la commune de Boudouaou, l'une des plus peuplées de la wilaya de Boumerdès, en équipements publics ne suit malheureusement pas la courbe démographique qui a connu une hausse importante depuis l'indépendance. D'une commune de quelques milliers d'habitants, Boudouaou est passée à plus de 60 000 résidants. Mais les écoles, collèges, CEM, centres de santé et autres, manquent cruellement. En effet, du côté du Plateau, qui était une surface agricole, les bâtiments poussent comme des champignons et les cités se multiplient sans qu'aucune infrastructure publique, hormis l'université, n'y soit réalisée. Le bureau de poste Bentorkia, qui répondait aux besoins de toute cette population a été incendié pendant les émeutes dites «de l'huile et du sucre» de l'année dernière. Une année après, il n'est pas encore rouvert. Le bureau a subi des travaux de réhabilitation, mais il demeure fermé «faute de meubles,» selon une source crédible. «Les pouvoirs publics, à commencer par les autorités locales, ne prennent pas au sérieux les problèmes des citoyens. Lorsqu'une entreprise publique comme Algérie Poste met un an pour rouvrir un petit bureau qui a subi des dégradations parce qu'il n'a pas été protégé lors de manifestations, il faut y voir un signe fort d'abandon de la population de la part des autorités», regrette un habitant de la cité des 850 logements qui saisit l'occasion pour dénoncer une multitude d'autres problèmes. «Notre cité est la plus ancienne dans ce coin de la ville. Mais regardez, il n'y a même pas d'accès goudronnés pour rejoindre les habitations. Les alentours des bâtiments ne sont pas revêtus et nous marchons dans la boue pendant l'hiver», ajoute-t-il. Notre interlocuteur dénonce en outre le «squat des espaces publics par les habitants et les commerçants». «Chacun a accaparé un petit espace pour y installer un garage en tôles. Des espaces publics sont entourés de grillages et interdits d'accès sans que les responsables locaux daignent lever le petit doigt. Mais ils laissent faire pour s'assurer l'usurpation d'autres mandats au niveau des assemblées locales», insiste notre interlocuteur. Les habitants de Boudouaou soulèvent surtout le problème d'insuffisance de la couverture sanitaire. Au centre de santé de la ville, c'est toujours la bousculade. «Ceci parce que le centre est resté tel quel depuis des décennies. C'est une petite structure de quelques locaux sur deux niveaux qui ne peut plus répondre aux besoins sans cesse grandissants de la commune. Depuis dix ans environ, les pouvoirs publics nous promettent un hôpital de 200 lits au niveau du Plateau. Mais rien n'est encore fait. Ils vont certainement sortir ce projet durant la campagne pour les prochaines élections», dit Said, un habitant du centre-ville de Boudouaou. La commune de Boudouaou est composée de six quartiers majeurs : le centre-ville (l'ancien village colonial avec ses quelques extensions), le Plateau (qui est de construction récente), Bentorkia (qui existe depuis l'ère coloniale), H'laimia (un très grand quartier constitué de constructions non encore régularisées pour la plupart), Ben Adjal, et Benmerzouga. Aucun de ces quartiers ne vit paisiblement. Partout, les habitants se plaignent de difficultés insurmontables. Des constructions éternellement en chantier ; routes non goudronnées ; absence de téléphone, de gaz et même d'assainissement ; inexistence d'espaces et de salles pour la pratique sportive ; absence d'espaces culturels sont autant de problèmes que les habitants n'ont eu cesse de soulever. «Mais c'est comme s'il n'y avait pas d'Etat», résume Nadim, un étudiant rencontré devant la faculté de droit.