L'ancien ministre de l'Intérieur, au moment des douloureux événements d'Octobre 1988, El Hadi Khediri, a été enterré hier mardi, dans un cimetière paisible des hauteurs d'Alger, à Ben Aknoun. Il est décédé dans la nuit de lundi, des suites d'une longue maladie, selon un bulletin officiel. Beaucoup d'Algériens se souviennent de lui, et particulièrement lors du détournement d'un avion de Koweït Airways, par des pirates de l'air qui ont fait poser l'appareil sur le tarmac de l'aéroport Houari Boumediene. Les négociations auront duré 7 jours (13-20 avril 1988) pour libérer les otages retenus par des pirates de l'air, aura fait connaître un peu plus cet homme, très discret par ailleurs, même en ayant fait le passage à la tête de la DGSN. Ainsi naîtra le personnage politique de El Hadi Khediri, qui fera encore une entrée plus tonitruante dans la vie politique nationale avec les événements d'Octobre 88, qui le surprennent alors qu'il est ministre de l'Intérieur. Les évènements douloureux de cette période auront marqué l'homme. Dans un entretien paru en 1998 avec Sid Ahmed Semiane (Extrait de «Octobre, ils parlent», Edition le Matin), il dit notamment que: «Octobre ne m'a pas marqué. Octobre m'a ouvert les yeux. Il m'a brisé. Nous avons pensé, durant trente ans, que nous étions un pouvoir révolutionnaire, une démocratie populaire, que nous étions en train de faire preuve d'ouverture. Du moins, avais-je tenté une ouverture par l'introduction d'une loi sur les associations et sur les droits de l'homme. J'étais sensible à cette dernière question. Arrive octobre, et on nous dit que nous n'étions pas à la hauteur... et j'étais visé. Les autorités supérieures ou même «l'autorité» supérieure a complètement été brisée par les événements d'Octobre. Elle n'avait jamais pensé que pareille chose pouvait survenir durant son mandat. Et tout ce qui en a découlé par la suite, était le résultat d'un découragement extraordinaire. » Destin ou hasard de l'histoire, dans le même entretien, il parle de la fusillade de Bab El Oued qui a fait des dizaines de morts, et citera celle d'un journaliste dans ces évènements. C'était Sid Ali Benmechiche, rédacteur en chef du service reportage de l'Agence Algérie Presse Service, parti couvrir cette marche. Lors du détournement du Boeing 747 de la Koweit Airways, le regretté Benmechiche avait été le seul des journalistes dépêchés pour couvrir ce détournement, qui est entré dans l'appareil pour suivre les négociations du ministre avec les pirates de l'air, toujours durant cet octobre 1988. Khediri, qui a successivement occupé les postes de chef de cabinet au MAE, DGSN (1978), ministre de l'Intérieur (1987-1988), occupa ensuite brièvement le poste de ministre de l'Information et la Culture, après avoir été remercié de l'Intérieur à la suite des évènements d'Octobre 88, puis ministre des Transports (1989-1990), puis est affecté comme ambassadeur d'Algérie à Tunis. Né à Tébessa le 16 décembre 1934, il fera ses études secondaires au Lycée d'Aumale de Constantine, puis descend à Alger après son baccalauréat. Il entame des études de mathématiques, qu'il interrompt en 1956 lors de la grève des étudiants algériens, mais les reprend à Marseille, et les abandonne de nouveau en 1960 et rejoint les rangs de l'ALN, à la frontière algéro-tunisienne. Proche des milieux de l'opposition, il est, après l'Indépendance, arrêté en 1964 sur ordre de Ben Bella, alors chef de l'Etat. Il est libéré peu de temps avant le coup d'Etat de juin 1965. Plus politique que policier, il assumera ces deux fonctions durant les années 1980, qui auront été marquées, sur le plan économique par le fameux «PAP» (plan anti-pénuries) au plus fort du second choc pétrolier (1985), et le changement de cap politique en Algérie après les événements d'Octobre 1988.