Le président américain, George W. Bush, n'a pas apporté d'élément nouveau dans son discours sur l'état de l'union, prononcé mardi, sauf le volet sur l'énergie. Il a ainsi repris son déjà vieux projet sur la démocratisation dans le monde et plus particulièrement au Moyen-Orient, s'adressant aussi bien à des alliés comme l'Egypte et l'Arabie Saoudite qu'à l'Iran, sans oublier les Palestiniens. Un discours dont on relèvera qu'il a été retransmis en direct par les chaînes de télévision arabes, El Djazira et El Arabia. Il a ainsi profité de ce thème pour souligner que l'organisation d'élections est une étape nécessaire mais non suffisante sur la voie de la démocratie, une allusion directe au mouvement palestinien Hamas qui vient de remporter les élections législatives palestiniennes mais que l'Occident entend ne pas reconnaître comme tel s'il ne se soumet pas à ses exigences consistant à reconnaître Israël, et renoncer à la lutte armée. Quant à l'Iran, engagé dans un bras de fer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire, M. Bush a précisé qu'il en voulait moins à son peuple qu'à son régime, « une petite élite cléricale qui isole et opprime son peuple », et il est allé jusqu'à offrir son amitié aux Iraniens. Rappelant plus largement que « les Etats-Unis d'Amérique soutiennent la réforme démocratique à travers le grand Proche-Orient », M. Bush a aussi appelé le régime égyptien à faire plus de place à l'opposition démocratique. « Le grand peuple d'Egypte a voté dans une élection présidentielle multipartite - maintenant son gouvernement devrait ouvrir des voies pour une opposition pacifique qui réduira la séduction du radicalisme », a-t-il dit. Autre allié précieux des Etats-Unis, Riyad a aussi eu droit mardi à un rappel à l'ordre : « L'Arabie Saoudite a fait les premiers pas de la réforme, maintenant elle peut offrir à son peuple un meilleur avenir en accentuant ses efforts », a déclaré M. Bush. Affirmant que « la liberté politique et le changement pacifique » sont un des principaux objectifs des Etats-Unis pour le monde, M. Bush s'est enfin félicité que « plus de la moitié des peuples du monde vive dans des pays démocratiques ». L'opposition américaine a toutefois stigmatisé un manque de « crédibilité » du président Bush, particulièrement pour son engagement à réduire la facture pétrolière, tout en assurant qu'il y a « une autre façon » de gouverner. « Le président n'était pas crédible quand il parlait de rendre l'Amérique plus sûre, de rendre hommage à nos troupes, d'assurer l'indépendance énergétique ou de rendre la couverture santé plus abordable, sans toutefois expliquer pourquoi il n'en avait rien fait ces cinq dernières années », a déclaré le chef de file des sénateurs démocrates Harry Reid. Les services de M. Reid ont fourni une liste point par point des assertions « non crédibles » contenues, selon eux, dans le discours présidentiel annuel sur l'état de l'Union. Cela fait partie du fameux débat intérieur dans lequel la décantation est réapparue quelques mois après le déclenchement de la guerre en Irak. Même ces critiques sont répercutées par les différents sondages qui donnent le président Bush en perte de vitesse.