Deux faits marquants à signaler, même s'ils paraissent relever de la banalité. En premier, le débat contradictoire qui a prévalu dans l'émission « sur le vif » (Canal Algérie) consacrée à la réforme bancaire. Ensuite, le retour du chanteur Baaziz sur un plateau de télé nationale après une mise en quarantaine qui a duré quelques années. Ce sont, en tout cas, deux moments de télévision qui sont en soi des événements car ils traduisent peut-être la volonté - même si elle n'est que circonstancielle - de l'Unique de s'affranchir progressivement de ses vieux réflexes d'arrière-garde pour s'ouvrir sur un monde de communication où censurer pour censurer reste contre-productif dans la mesure où aujourd'hui, dans les foyers les plus reculés et les plus conservateurs, on n'a qu'à appuyer sur le bouton de sa télécommande pour être informé sur tout. Il devient donc de plus en plus ridicule, voire dangereux, de s'enfermer dans sa tour d'ivoire pour des considérations politiques ou idéologiques que le public estime loin de ses préoccupations. A-t-on vraiment compris cela du côté du boulevard des Martyrs ? La table ronde organisée sur la situation des banques en Algérie apporte, toutes proportions gardées, un élément de réponse en laissant la parole s'exprimer en toute liberté sur un sujet qui pourtant a été entouré jusque-là de tous les mystères. Pas de langue de bois pour faire comme d'habitude dans cet unanimisme qui plaît tellement aux gouvernants, mais une argumentation solide développée par des experts en la matière qui a mis dans ses petits souliers la thèse officielle selon laquelle la réforme du système bancaire, présentée comme la clé de l'avenir économique du pays, se porte bien. On ressort de ce débat avec l'idée que ce système sur lequel reposent tant d'espérances n'arrive toujours pas à se mettre au diapason de l'ouverture libérale qui, elle, ne s'accommode pas de demi-mesures. L'animateur de l'émission « sur le vif » prend des risques, mais c'est la seule voie qui reste pour casser les tabous. On peut d'ailleurs dire la même chose de la belle et gracieuse (c'est notre Lambroso à nous) animatrice de « Hna Fel H'na » qui a invité un artiste frappé d'interdit, en l'occurrence Baaziz, l'homme à la casquette et au tricot marin et auteur de chansons populaires à succès dont l'inoubliable hymne à l'Algérie, mais qui dérange souvent par son engagement politique. C'est au demeurant en raison de ses « tubes » qui parlent le langage du peuple, dénoncent l'injustice et la malvie des jeunes et fustigent avec un sens féroce de la critique les rentiers et les apparatchiks, que Baaziz est devenu infréquentable. Pour éviter tout problème avec les tenants du pouvoir, l'Unique lui a fermé ses portes. L'enfant de Cherchell était donc marqué d'une croix rouge avant sa réapparition sur un plateau algérien et autant dire que le plaisir de le revoir avec la même gouaille et un talent toujours intact a été plus grand que la surprise. Il nous fit passer une agréable soirée en compagnie du groupe MBS, notamment le jeune prodige de la chanson, Allilou, qui fera parler de lui dans les jours à venir. Nous ne terminerons pas sans souligner l'autre réapparition sur un plateau plus feutré, celle du premier président d'Algérie, Ahmed Ben Bella. L'invité de « Ouaqafat », animée par le grand boss de la télé en personne, a parlé de tout et de rien, de son parcours politique, de la colonisation française qui se trouve au cœur d'une actualité brûlante. Il aurait aimé intervenir sur les thèmes sensibles de la politique intérieure comme la réconciliation nationale dont il est un fervent défenseur, mais ce n'était pas à l'ordre du jour.