Les autorités locales à Boumerdès avaient annoncé il y a trois années leur détermination pour venir à bout du problème des bidonvilles qui pullulent dans la wilaya. Une enquête a même été réalisée sur le terrain afin de pouvoir arrêter des actions concrètes à entreprendre pour d'éradiquer ce fléau. Il a été recensé 261 sites répartis sur 27 communes de la wilaya. C'est dire que le problème n'épargne qu'une infime partie des communes (cinq seulement). Ces bidonvilles renferment 7200 habitations occupées par près de 8000 familles. Boudouaou El Bahri vient en tête des communes les plus atteintes par ce fléau. Elle comptait, en 2010, 13 sites où vivotaient quelque 700 familles. Pourtant elle est destinée à être une «région touristique». En effet, il y est projeté une importante zone d'expansion touristique dont le lancement des travaux de réalisation semble imminent. Une autre commune du littoral vient en 2e position : Cap Djinet, avec 9 sites constitués de plus de 600 habitants. Khemis El Khechna, Boumerdès, Bordj Menaïel et Zemmouri ont aussi leur lot de bidonvilles et de misère. La situation est d'autant plus dramatique que ces bidonvilles occupent des terres agricoles ou se situent dans les centres urbains. À Boudouaou El Bahri, des exploitations agricoles sont squattées et sont ainsi détournées de leur vocation. Cela dénote le laxisme des responsables locaux face à ce fléau. «Les bidonvilles continuent de s'étendre et les autorités ne prennent aucune mesure pour arrêter le massacre», dit un habitant de Boumerdès qui cite l'exemple de Boukaroucha. Notre interlocuteur parle en outre d'un «véritable business» qui se forme autour de ces espaces. «Des baraques sont cédées contre quatre à six millions de centimes» ajoute-t-il. Aujourd'hui, aucune mesure concrète n'a encore été prise. Et le nombre de bidonvilles continue d'augmenter. Au contraire, certains occupants ont même bénéficié des aides destinées aux sinistrés du séisme de mai 2003 pour «réhabiliter leurs habitations». Contre 72000 taudis et baraques recensés ainsi sur le territoire de la wilaya, les pouvoirs publics n'ont dégagé que quelques milliers de logements (4000) dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. Ce qui n'est pas fait pour aider à résoudre le problème. En outre, ce programme a touché seulement la moitié des communes concernées par le problème des bidonvilles. Dans le meilleur des cas, elles ont bénéficié de 300 logements seulement. Lorsque quelques centaines de logements sont attribuées à des communes qui comptent des milliers d'habitations dans des bidonvilles, comme Khemis-El Khechna, Boudouaou El Bahri, Cap Djinet et Bordj Menaiel, il ne faut pas s'étonner de voir les problèmes s'aggraver.