Le service de pédiatrie du secteur sanitaire de Khemis Miliana connaît en cette période hivernale une grande affluence de jeunes patients et nourrissons souffrant de pathologie liées notamment à la saison, telles que les bronchites. Rappelons que le secteur sanitaire de cette grande agglomération située aux abords de la RN 4 draine les populations venues des douars les plus reculés de la wilaya de Aïn Defla de la zone est et sud en particulier. Actuellement, dira la responsable du service, rencontrée lundi dernier, le service reçoit en moyenne 25 à 30 malades par jour. Parfois les lits ne suffisent pas, poursuivra notre interlocutrice et les enfants sont mis dans les berceaux disponibles. Dans ce service où exercent deux médecins généralistes, la prise en charge pose toujours problème, avoueront les deux médecins. En effet, à ce propos, il y a lieu de signaler que la présence deux fois par semaine du pédiatre constitue un obstacle de taille au bon fonctionnement du service, d'autant que l'on apprendra que le spécialiste résidant à Alger a émis le vœu de quitter son poste. Nos interlocuteurs affirmeront que la présence permanente d'un pédiatre dans le service est impérative. Elle s'explique par le fait que certaines pathologies nécessitent des conduites à tenir et des décisions à prendre que seul un spécialiste peut assumer, ajouteront les mêmes sources. Cependant, on fait avec les moyens disponibles, poursuivront les médecins. Par ailleurs, on relèvera à travers les propos des personnes interrogées qu'un sérieux problème existe concernant l'évacuation des malades vers d'autres secteurs sanitaires en dehors de la wilaya. Pour illustrer cette situation, un exemple éloquent nous a été relaté. Il s'agit d'un nourrisson âgé de 3 mois qui présentait un ictère (jaunisse) par incompatibilité ABO (groupage des parents différents). Devant ce cas et en l'absence de pédiatre, les médecins demandent son évacuation, mais les secteurs de Blida et de Beni Messous refusent son admission faute de place et le nourrisson revient à Khemis Miliana. Au bout d'une semaine, poursuivra notre interlocuteur, l'ictère persiste, auquel vient s'ajouter une anémie nécessitant une autre conduite à tenir puis une autre décision d'évacuer le nourrisson. Malheureusement le même scénario se répète et le malade atterrit de nouveau dans le même service pour une longue hospitalisation. Ces cas, ajoutera la même source, sont fréquents. Il y a lieu de noter que ce sont surtout les familles démunies qui fréquentent ces structures. Ainsi, relèveront les intervenants, des malades chroniques particulièrement ceux qui ne sont pas assurés et ne peuvent accéder aux médicaments passent leur temps à se faire hospitaliser. A ce propos, dira l'un d'eux, la société civile est interpellée pour aider tous les partenaires, ajoutant que la psychologue employée dans le cadre du préemploi ne peut à elle seule jouer tous les rôles. Dans ce service, on est également confronté à la déroute des parents, lesquels vivent des moments d'impuissance et de grande solitude. Cette jeune mère, par exemple, originaire de Aïn Soltane (nord-est de Aïn Defla) est très courageuse, en dépit du fait que son enfant de sept mois va bientôt subir une opération chirurgicale très lourde. « Elle a sept mois, mais pèse seulement 4 kilos. Elle a un souffle au cœur et ce n'est que récemment qu'on a établi ce diagnostic. » Très affairée autour de son enfant, elle ajoutera : « On la traite pour qu'elle prenne du poids en vue de l'opération. » Quant à cette citoyenne résidant dans un douar reculé de la daïra de Bordj Emir Khaled (sud-est de la wilaya), elle nous confiera : « Mon bébé a attrapé froid à cause de l'humidité dans notre habitation précaire », ajoutant : « C'est un endroit pour les malheureux », en parlant de l'hôpital. Dans les lits et berceaux, la plupart des malades dorment en recevant leur dose de sérum, tandis que les mamans veillent sur leur sommeil. Signalons que le secteur sanitaire de Khemis Miliana, une structure en préfabriqué, dispose, selon son directeur, de quatre ambulances, dont deux sont souvent en panne. Le directeur ajoutera que des améliorations certaines ont été apportées, mais les insuffisances persistent. Pour notre part, on rappellera qu'il était question après avoir supprimé les gardes de chirurgie-dentaire d'axer tous les efforts sur les services de pédiatrie dans les quatre secteurs sanitaires que compte la wilaya de Aïn Defla. Cependant, selon nos sources, beaucoup reste à faire pour humaniser ces services et aider les familles à surmonter leur douleur face à la maladie de leurs enfants.