Lors de sa visite à Constantine en décembre 2005, le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia avait menacé de sévir « contre tous ceux qui continueront à ignorer les nouvelle dispositions en matière de gestion des cités universitaires », en réaction aux scandales qui avaient soulevé le secteur des œuvres universitaires à Oran. Ensuite le ministre est rentré chez lui à Alger et la mafia du secteur est revenue à ses affaires. A Constantine, où les œuvres universitaires ont toujours été une vache à traire, notre ministre s'est interrogé devant le fait que le même nombre de bus sollicité pour le transport universitaire dans la capitale de l'Est soit utilisé ailleurs pour une population estudiantine multipliée par deux. Interrogation somme toute légitime. Mais le ministre sait-il que des lignes sont facturées et des transporteurs payés, alors que les bus n'existent même pas ? Un député avait mis le doigt, lors d'un forum d'El Youm, sur ce genre de pratiques frauduleuses d'usage à Alger. A Constantine c'est presque une règle. Des documents qui se trouvent en notre possession impliquent de nouveau la tristement célèbre cité Mentouri et mettent en exergue les techniques de faux et usages de faux, de facturation de complaisance et autre trafic de rigueur pratiqués par des gestionnaires de mèche avec de pseudo-fournisseurs. Sans être exhaustives, plusieurs factures représentant des marchés signés entre la cité et trois transporteurs pour le transport des résidants vers plusieurs destinations font apparaître de graves anomalies et une volonté manifeste de fraude. Nous avons soumis ces documents à l'examen d'un inspecteur d'impôts et il a confirmé la chose. Il s'agit d'abord des factures relatives au transport des étudiants du Gourzi vers l'université pour les mois d'octobre, novembre et décembre 2004. l'identité du fournisseur, domicilié à Ouled Rahmoun, porte un faux matricule fiscal et un registre du commerce daté en mai 2005, alors que cette facture est datée, elle, en janvier 2004. Dans le jargon comptable, on appelle cela des factures de complaisance établies en faveur d'un destinataire du marché qui n'existe pas encore en tant que professionnel. Celui-là obtient d'abord le marché et s'inscrit ensuite au registre du commerce par la grâce d'un accord tacite et de pots-de-vin versés pour le demandeur de service. Les autres factures sont entachées visiblement des même anomalies, alors que celles, relatives aux lignes destinées à El Gammas, cité Erriadh, Sidi M'cid et le centre-ville concerne un transporteurs qui ne possède même pas de bus et demande à être payer pour des services fictifs. Rien que pour ces factures, le préjudice causé est de l'ordre de 1,5 million de dinars qu'il n'est pas exagéré de multiplier par les mois de l'année universitaire et les dizaines de bus qui assurent le transport des étudiants. Le responsable qui dirigeait la cité à cette époque avait été relevé de ses fonctions sans plus et la passation de consignes s'est faites sans que l'on remarque ces anomalies. Est-il possible que les personnes responsables de ce trafic soient toujours en exercice et sévissent encore ? En tous les cas, le contrôle fait toujours défaut dans ces établissements riches et l'impunité protège à chaque fois les fraudeurs malgré les scandales multiples qui démasquent les auteurs. Les révélations ne vont pas s'arrêter non plus.