Après six années passées en prison pour une affaire de terrorisme, la conscience d'un terroriste s'est réveillée. Il a demandé à voir les autorités judiciaires pour leur indiquer le lieu où il enterrait ses nombreuses victimes au moins 15 , tuées durant les années 1994 et 1997, période où le GIA régnait en maître sur la région de Bougara, à Blida. Le charnier est bien dissimulé sur les rives de l'oued Boulbane, situé dans le massif de l'Atlas blidéen, dans la zone de Toulmout, à quelques kilomètres de Bougara. Après avoir repéré le lieu, mercredi dernier, et découvert les premiers ossements humains, les forces de sécurité ont dépêché d'importants renforts militaires, jeudi matin, pour commencer l'opération de recherches. Hier vendredi, les restes de neuf personnes ont été récupérés de la fosse commune. Agé d'une trentaine d'années, le terroriste a retrouvé tous les repères qui l'aidaient auparavant à rejoindre ce lieu fortement boisé et entièrement enclavé entre les flancs de deux montagnes. « Nous avions douté au début de ses révélations. Mais une fois arrivés à l'endroit indiqué, nous nous sommes rendu compte qu'il disait la vérité, d'autant plus qu'il donnait des détails que seuls les habitués des lieux pouvaient connaître », a déclaré le commandant de l'opération de recherches. Les premiers coups de pioche donnés en présence du procureur général adjoint de Blida, Mustapha Benimam, ont permis de déterrer les premiers cadavres « inhumés » en contrebas d'une cabane en ruine. Celle-ci appartenait à un imam adepte du soufisme, qui vivait en ermite pour se consacrer uniquement à la lecture du Coran. Le religieux a été égorgé par les terroristes, puis enterré non loin de sa baraque. Les victimes avaient les mains et les pieds ligotés avec du fil de fer et portaient des rubans adhésifs sur la bouche. Aucune trace de balles n'est visible. « Le terroriste a affirmé avoir participé à l'égorgement de 15 personnes civiles et militaires enlevées dans les régions de Bougara et de Blida. Parmi ces victimes figurent un émigré et un étudiant enlevés à Bougara, ainsi qu'un imam. Pour l'instant, le terroriste n'a indiqué que l'endroit où lui-même enterrait ses victimes. Il a affirmé que plusieurs autres charniers existent dans cette zone où le GIA avait installé ses bases arrière », a déclaré M. Benimam. Selon le magistrat, les victimes sont toutes de sexe masculin et, parmi elles, se trouvent des militaires. « Il se pourrait qu'il y ait des adolescents. La police scientifique a été saisie pour déterminer l'identité exacte des personnes tuées et enterrées. Nous avons récupéré tous les objets personnels retrouvés sous terre avec les ossements. Mais rien ne prouve qu'ils appartiennent à ces derniers. Il se pourrait que les terroristes aient fait exprès de mettre ces objets avec les victimes pour rendre plus difficile leur identification. C'est la police scientifique qui reste la plus habilitée à déterminer l'identité de chaque corps », a révélé M. Benimam. Il a confirmé par ailleurs que les premières victimes déterrées ont toutes été égorgées. D'après le magistrat, l'opération de recherche se poursuivra durant au moins une dizaine de jours. La difficulté d'accès aux lieux au relief montagneux et la chaleur torride de ces derniers jours compliquent davantage les interventions.