Des combats ont opposé, hier matin, dans le nord-est du Mali, l'armée malienne à des rebelles touareg qui avaient attaqué, la semaine dernière, trois villes de la région. «Nous avons attaqué Anderamboukane ce matin et l'armée malienne est en face», a déclaré hier Moussa Salam, le porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), depuis Bamako. Située dans le Nord-Est malien, la localité d'Anderamboukane est très proche de la frontière nigérienne. Egalement proche de l'Algérie, c'était la première ville attaquée par le MNLA, le 17 janvier dernier. Le lendemain Aguelhoc et Tessalit avaient été visées à leur tour. Ces trois villes avaient pourtant été reprises par l'armée, selon des sources concordantes. Les assaillants ont été présentés par Bamako comme des hommes rentrés récemment de Libye, dont certains lourdement armés, et des hommes du MNLA, organisation politico-militaire née fin 2011 de la fusion de groupes rebelles touareg, qui vise la reconnaissance de la culture et de l'identité targuies. Le MNLA a revendiqué ces attaques et affirme qu'il compte viser d'autres villes. Il souhaite «l'indépendance de l'Azawad (berceau des Touareg, ndlr) et la création d'un Etat». Ces attaques du 17 et 18 janvier avaient été les premières depuis un accord en 2009 ayant mis fin à la rébellion touareg, active depuis 2006. Le Mali et le Niger voisin avaient été affectés par une précédente insurrection dans les années 1990 qui avait duré au moins 5 ans. Les violences ont fait des centaines de victimes et poussé au déplacement de milliers de personnes vers les pays voisins. Il semble que ce conflit soit malheureusement condamné à se poursuivre, car les intérêts des Etats ne peuvent concorder avec ceux des nomades, car les sociétés nomades sont, par essence, «des sociétés contre l'Etat», selon les propos de l'anthropologue Pierre Clastres. Tandis que les premiers ont inéluctablement besoin de maîtriser leurs espaces en verrouillant les frontières pour contrôler les populations qui s'y trouvent attachées, les autres ont, au contraire, besoin d'espaces et de libertés qui s'étendent au-delà des frontières pour exprimer leur culture plusieurs fois millénaire. Bien plus qu'un conflit politique armé entre deux peuples sur le même territoire, cette crise cristallise une tension latente entre cultures sédentaire et nomade qui opposent des représentations différentes du foncier et à travers elles de la propriété.