Des attaques, les premières depuis l'accord ayant mis fin à la rébellion, en 2009, grâce à la médiation d'Alger, ont été menées mardi dernier par des insurgés touareg contre des positions de l'armée malienne. Après Ménaka, les rebelles ont attaqué hier Aguelhok et Tessalit. L'attaque menée mardi par des insurgés touareg contre des positions de l'armée malienne dans la localité de Ménaka, située près de la frontière nigérienne, est loin d'être un épiphénomène. La rébellion targuie a bel et bien repris dans le nord du Mali avec pour objectif, cette fois, d'obtenir l'«indépendance de l'Azawad». A l'inverse des soulèvements des années 1990 et 2000, les Touareg qui se sont abondamment ravitaillés en armes depuis la Libye semblent, aujourd'hui, avoir les moyens de tenir tête à l'armée malienne. La preuve ? Après l'offensive de Ménaka, les Touareg, structurés au sein du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), ont attaqué hier deux autres villes du nord-est du Mali et ont dit vouloir en prendre d'autres. Les localités ciblées sont Aguelhok et Tessalit, qui se trouvent à un jet de pierre de la frontière algérienne. Il s'agit des premières actions armées menées depuis un accord ayant mis fin à la rébellion, en 2009, grâce à la médiation d'Alger. Le MNLA, accusé par Bamako d'être derrière ces attaques, est un mouvement politico-militaire sans leader connu, né en 2011 de la fusion de groupes rebelles, dont le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM) d'Ibrahim Ag Bahanga, mort l'été dernier dans un accident de la route. «Cette nouvelle organisation a pour objectif de sortir le peuple de l'Azawad de l'occupation illégale du territoire de l'Azawad par le Mali», a indiqué son premier communiqué publié le 16 octobre 2011. Provocation de Bamako ? Dans un autre communiqué rendu public mardi, signé par Hama Ag Sid Ahmed, le porte-parole chargé des relations extérieures du mouvement, le MNLA regrette que les autorités maliennes aient rompu le dialogue, ignoré la région et «créé, une fois de plus, toutes les conditions pour une reprise des hostilités militaires» en renforçant notamment sa présence militaire dans la région de l'Azawad (lire à ce sujet l'article publié dans notre édition d'hier). «Ces déplacements massifs de troupes, qui inquiètent les populations civiles, ont été reçus par le Mouvement comme une invitation à la guerre de la part des autorités maliennes», mentionne Hama Ag Sid Ahmed qui avertit que «pour se protéger et réoccuper progressivement l'espace de l'Azawad et aussi répondre à la provocation de Bamako, des hommes de l'état-major du Mouvement national de libération de l'Azawad ont choisi d'engager leur vie». Hama Ag Sid Ahmed prévient, à ce propos, que des actions militaires importantes du MNLA continueront tant que Bamako ne reconnaîtra pas ce territoire comme une entité à part. Et d'ajouter : «Ces actions militaires sont aussi un appel à la communauté internationale : tant qu'elle ne s'impliquera pas effectivement pour une résolution durable de ce conflit qui n'a que trop duré, les mêmes causes produiront les mêmes effets». A signaler que la France qui a souvent été soupçonnée, durant les années 1970-80, d'œuvrer en faveur de la création d'un Etat touareg dans la région du Sahel a appelé hier au calme et soutenu l'idée que «l'usage de la force n'est pas une solution». «Nous suivons avec attention et préoccupation la situation au nord du Mali», a déclaré hier lors d'un point de presse le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, en réponse à une question sur la position de la France au regard de ces combats. «La France réaffirme son attachement à l'unité et à la stabilité du Mali ainsi qu'au respect des règles du dialogue démocratique pour l'expression et la solution des différends politiques», a conclu le porte-parole. L'Algérie, qui partage une longue frontière avec le nord du Mali, n'avait quant à elle pas encore réagi à ces événements.