Les étudiants de l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU) sont en grève depuis un mois. Pour dénoncer les «injustices» introduites dans le nouveau règlement intérieur, les étudiants boycottent cours et examens et se disent «déterminés» à poursuivre leur mouvement de protestation. Les articles introduits dans le règlement intérieur régissant les deux dernières promotions suscitent la colère et l'inquiétude des étudiants, qui voient dans certains articles une impasse pour leur évolution au sein de cette prestigieuse école. Les protestataires, qui se sont déjà exprimés l'année dernière sur ces préoccupations, sans résultat concret, s'interrogent sur «les motivations de la tutelle d'introduire de nouvelles mesures, alors que ces articles n'existaient pas par le passé sans que cela nuise au fonctionnement de l'établissement». Des articles introduits dans le règlement intérieur de 2010 portent des «restrictions» supplémentaires concernant le passage du cycle préparatoire au cycle supérieur. Le concours conditionnant le passage n'est pas le seul critère, des mesures «draconiennes» ont été ajoutées et des dizaines d'étudiants sont renvoyés de cette école sans franchir le cycle préparatoire. «C'est une aberration si l'on compare notre école à celles de l'Union européenne, qui sont une référence pour nous», explique une représentante des étudiants, qui viennent de tenir une assemblée générale. «L'ancien système offrait de meilleures possibilités pour la progression des étudiants. Le passage se faisait comme partout dans les écoles d'architecture du monde entier. Les étudiants pouvaient se racheter lors des examens de synthèse et de rattrapage, ce qui n'est plus du tout possible avec le système actuel», explique une autre étudiante. Les délégués des élèves s'interrogent aussi sur la valeur réelle de leur diplôme. S'agit-il d'un diplôme semblable à ceux délivrés par tous les instituts d'architecture algériens ? Le label EPAU a-t-il une valeur sur le marché du travail ? Des questions que les étudiants de l'EPAU se posent sans que la direction de l'institut et le ministère ne leur donnent des réponses convaincantes. «Il y a peu de communication sur cette question et cela nous perturbe énormément», lâche un représentant des étudiants. «A notre arrivée à l'école, tout a été revu sans que les moyens nécessaires ne soient mis à notre disposition. Nous n'avons reçu le règlement intérieur qu'après cinq mois d'études, nous ignorions les nouvelles modalités de passage», accusent les étudiants, qui disent souffrir également du manque d'équipement (ordinateurs, photocopieuses…) et de certains documents. «Nous payons tout de notre poche ; même les copies des cours, qui devraient être gratuites, font défaut, nous les faisons à nos frais et cela nous coûte trop cher», avouent nos interlocuteurs.