La nouvelle production du théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa (TRB), El Mechdelli Zouaoui fi Tilimcen, nous invite à revisiter un pan de notre histoire médiévale. Nous sommes à l'époque hafside et le royaume de Béjaïa connaît un regain de l'activité savante. Dans cet univers où la cour royale vivait le faste et louait le savoir et l'expression de l'art dans toute ses variétés, un personnage fait son entrée. Cheikh Mohamed ben Belkacem El Mechdelli. D'emblée, il subjuguera par son érudition la medersa de cheikh Moussa ben Brahim el Hasnaoui. Pressenti pour un long périple dans les capitales du savoir où rayonnait, à l'époque, la parfaite proximité de la science et de la religion musulmane, le jeune disciple se voit matériellement confier la mission de transmettre toutes les consignations scientifiques réalisées par Bijaïa. Première étape, la medersa el Yacoubia de Mansoura à Tlemcen. Un périlleux périple s'en suivra pour conduire le personnage principal à Constantine, Tunis, Carthage, le Caire et la Mecque. La réalisation est de Omar Fetmouche, directeur du TRB, sur un texte co-écrit avec Djamil Aïssani, président de l'association scientifique et culturelle Gehimab. La scénographie est remarquable du point de vue de la gravité affichée par rapport certainement à la charge vouée aux personnages. Les costumes ont été puisés avec beaucoup d'exactitude de l'iconographie de l'époque. L'application ne semble toutefois pas de même avec l'habillage lyrique, en deuxième plan où les complaintes et les mélodies jouées semblent moins anciennes. Certaines scènes semblent aussi un peu trop longues et lassent le spectateur, car voulant faire avec cette image d'austérité que l'on prête parfois exagérément aux hommes de science.