La commune de Hussein Dey a lancé, sur le tard semble-t-il, une enquête commodo et incommodo au sujet du stationnement au niveau des rues et des places attenantes au supermarché Carrefour, situé à la rue Tripoli au lieu-dit Lafarge. La Collectivité locale a mis à la disposition de ceux qui « en montrent l'intérêt » un registre dans lequel ils peuvent consigner leurs propositions, et cela à partir du jour de la publication du communiqué, soit le 29 janvier jusqu'au 13 février. Les aires et les routes sont encombrées ; celles de la rue Tripoli et celles menant au Ruisseau sont prises d'assaut. Le parking aménagé en contrebas de la rue des Fusillés ne peut contenir, au plus, qu'une centaine de véhicules. Une partie de l'aire sert, par ailleurs, au déchargement des produits de la « Maison ». La police présente aux abords de l'enseigne française travaille à plein régime. M.Sedrati, vice-président chargé de l'urbanisme à la commune de Hussein Dey, tient à préciser le geste de la municipalité. Selon lui, la structure est « un bien de l'Ofares, partenaire important dans l'aménagement de la zone du Hamma, qui l'a concédé à Carrefour. C'est une aubaine inespérée pour nos concitoyens, bien que des contraintes sont là pour en atténuer la portée », relèvera M. Sedrati. L'APC, dit-il, n'a pas à « être consultée, a priori, sur l'implantation du magasin ». Notre interlocuteur soutient qu'il faut revoir « de fond en comble » le plan de circulation « en vigueur depuis des années », en rendant le flux dans certaines rues, pour l'exemple, à sens unique et en supprimant des passages. Autre proposition « à laquelle s'attelle les services techniques de la commune » : l'ouverture d'une autre sortie pour le parking du supermarché et la mise en place d'aires en plus de celles déjà existantes, eu égard aux destructions qui s'opèrent dans l'entourage du magasin. Une virée intéressée à l'intérieur du supermarché nous renseigne sur les ambitions de la multinationale. Carrefour est aménagé sur trois niveaux. Le premier niveau est réservé aux produits laitiers et autres confiseries, le seconde aux marchandises de large consommation et le dernier est consacré aux produits électroménagers. De même, des magasins de stockage sont aménagés pour les différents rayons à chaque étage. Les deux entrées sont prises d'assaut et des bousculades énormes sont fréquentes si bien que les agents de sécurité sont obligés, par moment, de refuser aux visiteurs l'accès au marché. Pas moins que ça. Des cris fusent alors de partout. Un homme ne pouvant se retenir lance des quolibets et des pirouettes au vitriol aux gardiens. Ce n'est pas une sinécure, convenons-en, de faire le pied de grue par ces temps de grand froid. Outre la crainte toujours de se faire les poches par les pickpockets rôdant et subtilisant « ce qu'ils peuvent », les automobilistes qui circulent à toute vapeur font peser une menace permanente sur les visiteurs. La rue Dahmani est engorgée par un parking aménagé sur le flanc de l'enseigne fétiche des Français. Aussi, les conducteurs de l'Etusa font un arrêt juste à l'entrée du pont qui enjambe la rue Tripoli au mépris des règles de sécurité. « Finir le plus vite » ses achats excuse tout et les clients ne font aucunement la moue. L'espace devient une véritable cuvette et ça suinte grave sous la chemise. Des bousculades sont perceptibles entre les rayons, dans les escaliers exigus et à côté de l'ascenseur. Pour ce dernier cas, un agent a été installé pour régler le flux. Claustrophobe, également s'abstenir, suggère-t-on. Des efforts pour réparer la « clim » sont souhaitables. Les produits proposés ne sont pas, loin s'en faut, des produits français ou européens. Ceux-ci n'ont pas, semble-t-il, la cote. Les produits turcs et asiatiques tiennent, eux, le haut du pavé. Carrefour propose-t-il des prix discount, autrement dit, des petit prix, ceux-là même qui provoquent sous d'autre cieux une véritable fièvre acheteuse ? Des réductions, en effet, ou des « tanzilet au lieu du terme plus soft de tkhfidet dont on s'est habitué », sont proposées sans qu'elles n'émeuvent le chaland toujours à l'affût de « la petite affaire ». « Ces réductions ne feront pas tressaillir les petites bourses », affirme-t-on. A peine si on daigne remplir le caddy. Il y en a même qui laisse leurs marchandises sur place en s'apercevant de la facture salée. Le directeur du commerce à la wilaya d'Alger, M.Lamari, soutient que l'enseigne française vient « tester le marché algérien à travers ce magasin qui n'est pas de la dimension de ceux qu'on trouve ailleurs », il affirma que, comme les autres magasins à but lucratif, Carrefour sera soumis à des contrôles réguliers à travers l'inspection de Hussein Dey. Cette dernière accomplira ses missions habituelles, affirme-t-il. « Les produits alimentaires sont cédés à des prix abordables », atteste M. Lamari et de se reprendre : « Bien que le supermarché les récupère sur d'autres produits. » S'agissant des marchandises proposées, notre vis-à-vis dira que « ses services n'ont aucun pouvoir discrétionnaire pour le choix des marchandises ou leur pays d'origine. La réglementation ne les y oblige aucunement. Les marchandises sont les résultats de la délocalisation des entreprises ». Cependant, l'enseigne ne peut, affirme M. Lamari, vendre au prix de revient, « sauf autorisation du ministère du Commerce ». Ambitions pour le marché algérien Par ailleurs, l'on croit savoir qu'un autre supermarché de la multinationale ouvrira ses portes dans quelques mois dans la ville d'Oran. A en croire des comptes rendus de presse, l'étude de ce projet est en cours et les responsables de Ardis, filiale du groupe privé Arcofina, qui représente Carrefour en Algérie, prospectent dans cette wilaya, « à la recherche d'un vaste terrain pour l'implantation d'un supermarché ». Toujours selon ces même sources, le projet « permettra la création de plus de 1000 emplois directs. » Par ailleurs, Ardis envisage d'ouvrir un deuxième supermarché, « plus grand », aux Pins Maritimes, près de l'hôtel Hilton, à l'entrée est d'Alger. Pour l'heure nos technocrates n'ont pas trouvé mieux que d'implanter Carrefour dans... un carrefour et, comble de l'ironie, dans une zone vouée à la destruction. N'aurait-on pas fait mieux de l'implanter à la périphérie de la capitale. Comme partout ailleurs, la banlieue, dont on a ici l'occasion de faire sortir de son assoupissement, est le lieu indiqué pour cela. C'est ainsi que des familles entières vivront de cet établissement comme les chauffeurs de taxi, les gardiens de parking et autres transporteurs. Par ailleurs, le constat pour le moins symptomatique peut être extrapolé à toutes les enseignes. El Meliane du groupe Blanky, précurseur dans le domaine, puisque il est le premier à se lancer avec un succès certain dans la grande distribution. Le stationnement provoque des bouchons immenses et les automobilistes sont obligés de prendre leur mal en patience.