Les travaux traînent malgré l'ouverture d'une trémie en amont pour désengorger la rue de Tripoli. «Le tramway d'Alger, c'est pour quand?» s'interrogent presque naïvement, mais avec une ironie certaine, habitants, commerçants et négociants de Hussein Dey, qui peuplent la plus longue artère commerçante de la capitale dont un sens unique vers le centre d'Alger vient d'être établi. Ce «Tramway nommé désir», titre immortalisé par un succès hollywoodien des années 50, se fait attendre, trop, selon tous les Algérois, notamment les commerçants de cette proche banlieue populeuse qu'est le quartier de Hussein Dey, à l'est de la capitale. Le tramway doit la traverser de bout en bout. Cette artère, la plus peuplée d'Alger, a été dépouillée au début de l'année de ses arbres centenaires pour s'offrir au passage des rames du futur (lointain) tramway. Après avoir donc «pleuré» leurs arbres, les commerçants de Hussein Dey demeurent pour le moins inquiets et interrogatifs quant au devenir de la rue Tripoli. Les riverains pointent du doigt, à tort ou à raison, le manque de coordination dans les travaux annexes du tramway. Ils ont été unanimes à dénoncer à l'époque l'arrachage programmé des arbres centenaires qui bordent l'avenue de cette importante commune urbaine d'Alger. Les arbres déracinés ont été, au grand bonheur des défenseurs de l'environnement, replantés avec succès pour border certains tronçons de la voie à grande circulation appelée «autoroute» qui contourne la ville par le sud et destinée à servir de passage principal au «futur tram» d'Alger en direction des lointaines banlieues de l'est de la capitale, Dergana, Bordj El Kiffan, Kahwet Chergui... En attendant, la rue Tripoli à Hussein Dey, commune jadis fleuron de la petite industrie de proximité, «se meurt» avec tristesse et mélancolie. Les travaux de préparation de la pose des rails du tramway s'éternisent comme partout ailleurs. Citons aussi le quartier Cinq-Maisons, où foisonnent tous les «rois» du poulet rôti à la braise et des brochettes d'agneau, dont les propriétaires se lamentent également de la lenteur des travaux. Ceux-ci ont été entamés avec célérité sur la partie se situant le long de l'Avenue des Fusillés, qui relie le quartier «Lafarge» et le carrefour des Annassers ex-Ruisseau. Les autres travaux ont concerné la voie qui mène vers Dergana et Bordj El Kiffan dont les restaurateurs se plaignent également de ces lenteurs qui perturbent immanquablement l'achalandage de leurs établissements. Ceux-ci jouissent d'une renommée qui n'est plus à démontrer, quoique légèrement boudés ou concurrencés après la nouvelle destination de Draria, sur les hauteurs d'Alger. Bien que peu ou prou acceptés par certains riverains, ces travaux nécessaires ont été mal accueillis par d'autres. D'aucuns se plaignent des travaux qui traînent, des nuisances qu'ils engendrent aux commerçants des quartiers evoqués. entendez par là, poussière, gravats, bruits, boue...et surtout le manque à gagner, déplorent-ils au vu d'une diminution drastique de la clientèle. D'autres s'élèvent contre la mauvaise, voire l'inexistante coordination entre les services concernés par le déplacement des différentes conduites (eau, gaz, électricité, téléphone...) pour les besoins du tramway. «On creuse par-ci, par-là pour faire passer l'eau, le gaz, l'électricité...on remblaie et on ´´reviendra´´ plus tard pour réaliser le branchement...» Et le plus gros reste encore à faire! Il s'agit, en effet, de la pose des conduites de grande voirie sous cette voie qui ne finit pas d'être inondée après chaque grosse averse. Toutes les eaux qui tombent sur les quartiers en amont du «Panorama», Kouba et les hauteurs de Hussein Dey, y trouvent un réceptacle inadéquat. Le pire est que, selon un commerçant, les services de voirie d'Alger «ne disposent pas de plans précis des anciens égouts ni des différentes connections de gaz ou de téléphone installés». C'est là le résumé d'une réflexion commune à tous les commerçants installés le long de cette large avenue Tripoli. Ils dénoncent tous, ce manque de savoir-faire et le mépris dont ils font l'objet par un manque flagrant d'information sur toute cette entreprise au demeurant bénéfique pour tous, comme ils consentent toutefois à l'admettre. Un photographe local, renommé sur toute la place d'Alger, qui s'était déjà confié à L'Expression lors l'arrachage des arbres de la rue Tripoli, reste sceptique quant à l'avenir de ce quartier qui continue à s'éteindre doucement. La clientèle se fait de plus en plus rare, regrette-t-il. Les rues se vident avant même le crépuscule, les déménagements sont incessants, les délocalisations d'entreprises se multiplient, certains immeubles «gênants» sont détruits...Autant de désagréments qui «affolent» ces braves habitants et négociants qui ont pignon sur rue depuis plus d'un demi-siècle pour nombre d'entre eux. C'est «le tribut du modernisme qu'on paie» reconnaissent certaines voix sensées. Quant à la rue des Fusillés, qui s'étire du quartier Lafarge au rond-point des Anassers, ex-Ruisseau, celle-ci est en grande partie assainie pour le passage du «tram». Les rames ont été posées et de nombreuses gargotes et au-tres restaurants classés du quartier ont été démolis. Ils avaient une réputation sur le plan gastronomique avérée et étaient même recommandés dans le guide touristique d'Alger. Cette avenue constitue le tronçon d'une bonne partie du futur tramway qui suit en double sens le côté des abattoirs d'Alger près desquels cinq ou six restaurateurs subsistent encore. Les abattoirs, d'où s'approvisionnent ces restaurateurs pour confectionner leurs fameuses brochettes de viande, sont toujours là en attendant la concrétisation prochaine d'un projet de délocalisation hors de la ville, plus exactement à Birtouta, une banlieue proche d'Alger. La livraison récente de la trémie mitoyenne a généré une nette transformation du plan de circulation dans cet important carrefour où font jonction les communes de Hussein Dey, Kouba et Belouizdad. En effet, le sens de la circulation le long de cette avenue est devenu unique vers le centre d'Alger. Le sens menant vers Le Caroubier et El Harrach est désormais interdit à toute circulation automobile. Un certain cafouillage a eu lieu samedi lors de l'application de cette mesure, mais vite résorbé par la présence d'agents de la circulation à tous les croisements où des plaques de signalisation avaient d'ailleurs été installées il y a belle lurette...