Au bord de la RN72 qui relie Makouda à Tigzirt, à une vingtaine de kilomètres au nord de Tizi Ouzou, des citoyens attendent avec des bouteilles de gaz ; ils espèrent le passage d'un hypothétique distributeur de gaz butane. La tension sur le gaz est perceptible sur le chemin de Makouda. De nombreuses localités de la wilaya de Tizi Ouzou ont connu, suite à la tempête de neige qui sévit depuis vendredi, la rupture des approvisionnements en gaz due au blocage des voies de communication. «J'attends depuis ce matin un distributeur qui devait passer par là. Il me reste à peine la moitié d'une bonbonne à la maison et si je ne m'approvisionne pas aujourd'hui, nous n'aurons plus rien pour nous chauffer ou préparer à manger», dit un père de famille rencontré sur la route, dans la commune de Makouda. «Nous manquons de tout, de gaz notamment. Nous avons repris, forcément, notre ancienne façon de vivre pour subvenir à nos besoins les plus élémentaires comme le chauffage au bois, les bougies pour l'éclairage… Nous avons pratiquement épuisé toutes nos réserves de denrées alimentaires», ajoute ce citoyen. Plus loin, un groupe de citoyens entoure un camion chargé de bonbonnes de gaz. Le propriétaire, une liste à la main, indique : «Je ne suis pas un dépositaire, mais ce sont les villageois qui m'ont sollicité pour acheminer ces bouteilles du centre enfûteur de Oued Aïssi.» Visiblement fier de rendre service à ses concitoyens, il ajoute : «Je vends la bouteille presque au prix d'achat. Chez nous, si on ne s'entraide pas, ce n'est pas l'Etat qui vous amènera du gaz. Je me suis réveillé à 1h du matin et j'ai passé le reste de la nuit devant le portail du centre enfûteur, à Oued Aïssi, où des dizaines de camions me précédaient», dit Mohamed, un transporteur public. Un autre villageois, qui vient de récupérer sa bonbonne de gaz, affirme, pour sa part : «Ici, ce sont les citoyens qui ont tout fait. C'est nous qui avons ouvert la route avant que les engins de la DTP ne viennent en renfort.» Au chef-lieu de la commune, un seul engin mécanique, un tracteur muni d'une pelle qui peine à dégager les tonnes de neige qui se sont abattues sur le village. A côté, le siège de l'APC est envahi par les citoyens du village de Tazaghart venus réclamer le rétablissement du courant électrique. L'électricité n'a pas été rétablie dans les 32 villages que compte cette commune de 24 000 habitants qui s'éclairent à la bougie depuis 4 jours, à l'exception d'une partie du chef- lieu. «Nous ne disposons que d'une pelleteuse ! Nous n'avons pas les moyens de faire face à une situation de cette envergure. J'ai sollicité la wilaya pour nous envoyer des engins de la DTP, mais ils ont mis 3 jours pour arriver. La population s'est prise en charge elle-même», a déclaré, dépité, le maire, M. Makoudi. Les habitants sont également venus pour réclamer l'ouverture de la polyclinique qui est resté fermée, le personnel n'ayant pas pu se rendre au chef-lieu. Les malades ont été évacués à l'aide de Case. S'avouant impuissant, le président de l'APC a lancé un appel aux autorités centrales de doter les communes de moyens, estimant que les élus ne font que recenser les doléances des citoyens et coordonner un tant soit peu des opérations avec des procédés obsolètes.