A Adekar, comme dans les autres villages que la neige isole toujours, à l'exemple de Boudjelil, Kherrata et Toudja, on scrute l'horizon dans l'attente des fameux engins. Quand nous sortons manifester dans la rue, on nous envoie toute une armada d'engins, mais quand nous sommes dans l'urgence comme maintenant, ils ne sont plus là», nous dit, révolté, Arezki Djenad, un habitant du village d'Ath Anane, perché à presque 1000 mètres d'altitude sur les hauteurs de la commune de Chellata. «Où est ‘azrayene' ?», s'écrie Arezki, désignant l'engin qu'ont souvent utilisé, dans la région, les forces antiémeute pour chasser les manifestants. Pendant ces intempéries, les chasse-neige se font plutôt rares sur les routes enneigées de Béjaïa. La subdivision des travaux publics qui couvre plusieurs communes de la région dont Chellata, Ighram et Ighzer Amokrane, en compte un seul, datant des années 1980. En ces temps de désarroi, on le réclame de partout, sur le territoire de la circonscription. Un seul engin pour trois communes Le rétrochargeur en œuvre sur les routes de Chellata avance lentement. Dans ses traces, la neige réduit à néant tous ses efforts, en rajoutant des couches, jusqu'à atteindre les 80 centimètres d'épaisseur. La neige a isolé le village d'Ath Anane depuis les premières chutes, vendredi. 44 familles y vivent dans le stress et l'inquiétude de lendemains incertains. «L'APC a fait ce qui était en son pouvoir, mais la situation est encore critique», alerte Arezki. «Le dernier des habitants n'a pas plus de cinq kilos de semoule en réserve, pas de gaz, pas de lait…. Depuis vendredi dernier, la route est fermée, aucun véhicule n'est passé. L'Etat est absent», dénonce notre interlocuteur. «Nous n'avons pas d'Etat que nous pouvons appeler au secours !» ajoute cet habitant d'Ath Anane. «Les citoyens sont très inquiets, certains exigent même qu'on réquisitionne tous les moyens pour désenclaver leurs localités», soutient, Tahar Maïbeche, le président de l'APC de Chellata. Au village voisin d'Ath Anane, la situation n'est pas moins difficile. 350 habitants d'At Hyani partagent les mêmes appréhensions, à 900 mètres d'altitude. «Nous venons d'ouvrir à l'instant le chemin mais la neige menace de recouvrir les lieux comme avant» nous annonce le maire. «La route est rouverte mais il y a juste de quoi permettre un passage à pied. La neige nous a beaucoup affectés» témoigne, désolé, Izrarene Karim, président de l'association du village d'At Hyani. «Il n'y a pas encore une grande inquiétude qui s'exprime, mais ce sera le cas si la situation perdure pendant encore deux ou trois jours. Les stocks de vivres s'amenuisent» prévient-il. Les vivres manquent «Un engin arrive jusqu'ici mais il n'est pas adapté à la situation comme un chasse-neige», se désole Akilal Hocine, un habitant d'Ath M'qedem, un village suspendu sur les hauteurs de Chellata. «Nous commençons à manquer de gaz, de semoule et autres vivres», alerte-t-il. A Taourirt Ighil, dans la daïra d'Adekar, comme dans les autres villages que la neige isole toujours, à l'exemple de Boudjelil, Kherrata et Toudja, on scrute l'horizon à la recherche de «azrayene». «Les autorités doivent normalement déclencher une véritable alerte dans une telle situation», estime un habitant de Taourit Ighil, où presque tous les chemins sont fermés. «L'engin qui déneige ne fait pas l'affaire», constate Amar de l'association de Taourirt Ighil. «Il y a sérieusement panique», alerte-t-il, croyant savoir que des instructions ont été données pour que les chasse-neige s'occupent des routes nationales…