Sans discontinuer, la pluie qui a arrosé la wilaya de Béjaïa depuis l'après-midi de jeudi dernier a laissé place à la neige qui a couvert toutes les hauteurs ; le dernier servi, hier à la mi-journée, a été le mont Gouraya surplombant la ville de Béjaïa. Si la poudreuse a fait des heureux, il n'a pas cependant fait bon vivre dans la région. Inondations, coupures de routes, pénuries de gaz, pannes d'électricité et de téléphone, ruptures de stocks de denrées alimentaires, les perturbations météorologiques de ce week-end avaient un air de déjà vu. Plusieurs axes routiers ont été fermés à la circulation. Impossible de passer par la RN26A pour aller vers Tizi Ouzou via le col de Chellata. Rejoindre Alger via Tizi Ouzou est aussi impossible à partir de la RN12. La RN75 est également fermée à partir de Barbacha en direction de Kendira. Il était aventureux de rouler sur d'autres tronçons de routes nationales fermées ou verglacées, comme du côté d'Akbou et d'Ighil Ali. Beaucoup de chemins de wilaya sont demeurés fermés à la circulation. C'est le cas, selon un bilan de la DTP, des routes desservant les localités de Sidi Ayad, Beni Djellil, Tinebdar, Chemini, Tifra, Aït Smaïl, Akfadou, Taourirt Ighil, Beni Maouche, Aït Adjissa, Semaoune, Chellata…. De ce fait des villages entiers ont été isolés. A Kendira, au sud de la wilaya, la neige sur un mètre d'épaisseur a rendu impossible l'accès au village Ihebachène. «Depuis hier qu'on essaye d'évacuer un malade, malheureusement on n'a pas pu entrer dans le village», s'est plaint le président de l'APC de Kendira via la radio locale. La commune, comme beaucoup d'autres, manque de moyens pour faire face à de telles situations. «Pour rejoindre le village d'Ihebachène, il nous faut un engin monté sur chenilles. Avec les moyens de bord, nous procédons pratiquement à des terrassements tellement l'épaisseur de la neige est importante, dépassant un mètre», témoigne l'édile. En plus de l'isolement, bien des communes manquent de gaz butane. Kendira, par exemple, a ressenti cette fois-ci «un manque terrible». A Amalou, et pas seulement, les «commerçants n'ont pas été servis». Selon le président de l'APC, chacun «se débrouille comme il peut». Le problème s'est posé dans plusieurs endroits où la bonbonne de gaz s'est négociée à un prix élevé, lorsque celle-ci n'est tout simplement pas introuvable. Sa disponibilité en quantité suffisante revient comme un problème récurrent chaque hiver. «Des détaillants de notre région n'ont pu s'approvisionner au niveau de Béjaïa qu'à concurrence de cinq bonbonnes chacun», nous dit un habitant de Taourirt Ighil, cherchant désespérément du gaz butane. Aussi, plusieurs sites ont été inondés dans la wilaya. Des familles ont dû être évacuées vers des lieux sûrs, comme ce fut le cas à la cité Bensaïd (Tichy) où un éboulement de terrain s'est produit sur la dalle d'une maison. En état d'alerte maximale, la Protection civile est aussi intervenue pour évacuer les passagers de plusieurs véhicules bloqués sur la route, éteindre un feu électrique dans une entreprise de confection de chaussettes, secourir des blessés dans le dérapage d'un camion citerne non chargé de Naftal à Takriets et d'un véhicule léger à Sidi Aïch. Dans la journée d'hier, des engins étaient à pied d'œuvre pour dégager les routes. Mais l'opération de déneigement était presque inutile en certains endroits où la neige continuait à tomber.