Nombreux sont les jeunes promoteurs confrontés à des problèmes encore pires que le chômage : le non-remboursement des crédits et le risque de poursuites judiciaires. Pendant presque six mois, ils ont traîné dans l'Agence nationale de gestion des microcrédits (ANGEM) pour bénéficier du précieux aval de la commission qui marque la fin du désœuvrement. Après trois ans d'exercice, nombreux sont les jeunes promoteurs confrontés à des problèmes encore pires que le chômage : le non-remboursement des crédits et le risque de poursuites judiciaires. Leurs projets se sont avérés non viables en raison des bilans déficitaires obtenus, ce qui justifie leur incapacité de rembourser les prêts contractés auprès de la Banque nationale d'Algérie BNA. Celle-ci, sans chercher d'autres alternatives, a directement intenté une action judiciaire à leur encontre. Du statut de chômeurs, ils sont donc passés à celui d'accusés. «La banque m'a octroyé un crédit d'un peu plus de 270 mille dinars pour ouvrir un bureau de prestations informatiques. Les équipements ont été acquis une année après l'accord du financement, mais je suis contraint de payer les charges fiscales et parafiscales alors que mon activité n'a pas encore démarré. C'est inconcevable pour un diplômé chômeur qui n'arrive pas à se payer un café», déplore le promoteur El Kheir Mohamed, ayant bénéficié d'un microcrédit en 2006, qui ajoute : «J'ai commencé par régler mes dettes. Je n'avais pas de quoi rembourser le prêt de la banque, comme c'est le cas pour nombre de jeunes qui ont réalisé des projets à coups de millions et qui ont fini par débourser de leurs propres fonds.» En 2009, ce jeune a adressé à l'Angem un compte rendu de la situation financière de son entreprise qui allait de mal en pis, puisqu'il n'arrivait même pas à payer une rame de papier et encore moins rembourser ses échéances. Un autre promoteur, E. Hichem a, en brandissant la liste des jeunes bénéficiaires du crédit dans le cadre du dispositif de l'Angem et la convention cosignée entre le chargé des études de cette dernière et lui, tenu à expliquer «que parmi les vingt jeunes concernés par le non-remboursement des prêts contractés à la BNA, seuls quatre sont poursuivis en justice. Le népotisme de la BNA est visible, elle prétend appliquer la loi alors qu'elle verse dans la partialité.» Pour ce jeune, avec l'aval de la commission d'approbation des dossiers, l'Angem a prétendu qu'en vertu de l'article 04 de la convention souscrite et en cas de non-remboursement du crédit, le fonds de garantie de l'agence s'engage irrévocablement à rembourser 85% des créances restantes et que la banque ne réclamerait que 15% au souscripteur, alors que pour un prêt de 273 mille dinars je me trouve obligé de rembourser plus de 331 mille dinars. Le directeur de la BNA de Tamanrasset est très clair : «Au bout de la 3e échéance non remboursée, une procédure contentieuse est engagée contre plus 100 promoteurs redevables ayant bénéficié des différents dispositifs d'aide à l'emploi de jeunes dont le montant des prêts s'évalue à 80 millions de centimes. Je n'attendrai certainement pas que le fonds de garantie rembourse cette somme, puisque toutes les démarches entreprises pour régler ce problème sont restées vaines. A chaque fois, on argue des dossiers incomplets pour échapper à cette situation. Les promoteurs ayant fait banqueroute doivent dresser le bilan déficitaire de trois exercices comptables, appuyé du PV de constatation d'un huissier de justice. A partir de là, on arrête les procédures contentieuses engagées contre eux.» Pour plus d'explications, nous nous sommes rapprochés du coordinateur de l'Angem qui, de son côté, explique : «Depuis 2005 à ce jour, personne n'a jamais été poursuivi. La BNA a précipité la procédure judiciaire alors qu'elle pouvait saisir le matériel du promoteur et le vendre aux enchères. Les clauses de la convention signée entre la banque, le fonds de garantie et l'Angem sont claires. En cas de non-remboursement du prêt, la banque doit transférer le dossier intégralement au fonds pour qu'il se charge de la dette. Malheureusement, la BNA ne s'acquitte pas convenablement de sa mission, puisque les dossiers transférés sont incomplets. Nous avons vainement saisi le directeur de cet organisme pour compléter les pièces manquantes.» Et pour mieux situer les responsabilités, il précise que «la banque assume entièrement les conséquences de ses actes.»