Pour les milliers de jeunes, porteurs de petits projets, décrocher un emprunt bancaire relève quasiment de l'impossible. L'Agence d'Oran de gestion des micros crédits (ANGEM) affirme, en tous cas, « ne plus pouvoir faire grand chose devant la réticence des banquiers. » C'est connu : les portes des banques ne sont qu'exceptionnellement laissées entrouvertes à ceux ou à celles qui sont en situation précaire. Depuis l'ouverture, en avril 2005, de cette agence d'Oran qui gère le micro crédit à destination des jeunes, en les aidant à décrocher un prêt de 5 à 40 millions de centimes, plus de 700 dossiers ont été déposés. Mais, à ce jour, aucun jeune n'a pu décrocher le moindre dinar des banques. Pourtant, comme le dit Mourad Chekaï, coordinateur de l'agence d'Oran, « des conventions ont été signées avec ces établissements financiers tels que la BDL, la BADR, le CPA et la BNA. » Qu'est ce qui pousse donc nos banquiers à être aussi réticents ? « Pas de textes d'application », rétorquent illico presto les préposés aux crédits auprès des banques. Voilà une situation « ubuesque » qui pousse M. Chekaï à lancer un appel « pressant » à l'adresse des banquiers. Alors, l'ANGEM serait-elle réduite à une simple chambre d'enregistrement des dossiers ? Soutien timide « Non », répond le responsable de cette agence qui affirme « avoir déjà financé 50 activités pour les femmes au foyer qui ont bénéficié de 3 millions de centimes pour créer leurs propres activités. » Mais, que peuvent faire 3 millions de centimes pour ces femmes ? « L'agence soutient ces femmes par ces petits prêts jusqu'à ce que leur activité soit viable et qu'elles puissent accéder, enfin, au réseau bancaire traditionnel », explique-t-on à l'ANGEM. « Couture, broderie, coiffure, esthétique, pâtisserie... Toutes les activités sont recevables, dès lors qu'elles ne relèvent pas du domaine commercial », précise-t-on encore. De plus, tout le monde peut y postuler : des plus jeunes de 18 ans jusqu'aux seniors de 60 ans. Le prêt bancaire est plafonné à 40 millions de centimes, pour un taux bonifié de 2%, remboursable en cinq ans. « L'agence aide les postulants à décrocher deux types d'emprunt qui portent comme intitulé : un prêt dit mixte et un autre qualifié de triangulaire. » Le financement mixte est à hauteur de 90% accordé par le fonds de l'ANGEM. Les 10% restant étant à la charge du porteur du projet. Seulement, dans ce cas de figure, « le montant de l'emprunt ne saurait excéder les 3 millions de centimes, destinés à l'achat des matières premières. » Si le projet est viable, une extension d'un autre emprunt est prévue. 250 dossiers sont déjà déposés dans ce cadre et ils ont tous été rayés par la mention « éligible », explique M Chekaï. « La deuxième formule dite mixte, ajoute notre interlocuteur, consiste en un emprunt de la banque qui accorde 10 millions de centimes, ce qui correspond à 95% du montant du projet. Quant au mode triangulaire, une marge de 3 à 5% du montant est à la charge du promoteur, 25 à 27% seraient un concours de l'ANGEM, pendant que les 70% restants seront financés par la banque. Les variations étant tributaires de la situation du porteur du projet, selon qu'il ait une qualification ou non. »