« Le journal danois qui a publié les caricatures du Prophète véhicule, à notre sens, un sentiment de haine. Le dessin est, certes, une provocation grossière. Toutefois, nous estimons que le boycott des produits danois n'est nullement le meilleur moyen pour défendre l'Islam », a indiqué, hier, Hocine Ali, secrétaire général par intérim du MDS, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti. Il est persuadé que le boycott des produits danois est une manière de sanctionner les employés qui travaillent dans les entreprises et qui sont peut-être d'origine arabo-musulmane. « On n'a pas le droit de sanctionner la société danoise, qui a probablement dénoncé les caricatures dans lesquelles le Prophète Mohamed (QSSSL) est associé au terrorisme », a-t-il dit, suggérant une solution juridique à ce problème. Le patron du MDS dit partager la vision du peuple algérien, qui refuse que l'on porte atteinte à ses convictions religieuses, qui a réagi de façon sereine, « et ce, contrairement à certains partis qui s'agitent en utilisant l'Islam à des fins politiques ». De l'avis de Hocine Ali, les défenseurs de l'islamisme politique, à l'image du MSP, vont user de tous les moyens pour se refaire une virginité. « Les Algériens, qui n'attendent pas d'injonctions pour dénoncer les amalgames entre Islam et terrorisme, ne peuvent que réprouver cette instrumentalisation de la religion à des fins politiques aussi bien de la part de l'islamisme que du pouvoir. Par sa dramatique expérience, la société sait que les premières victimes de la manipulation de l'Islam sont d'abord les musulmans et ne peut donc accepter qu'on ramène l'Islam aux poseurs de bombes et aux violeurs », explique Hocine Ali, qui a insisté sur le fait que les Algériens ne peuvent pas tolérer l'utilisation de leur sentiment religieux après que de véritables crimes contre l'humanité soient venus entacher leurs convictions les plus profondes. La société réalise, a indiqué le responsable du MDS, que le but est de maintenir, à bout de bras, « un islamisme condamné autant pour sa barbarie que pour sa participation au pouvoir », ce qui lui aura permis de cautionner la fraude « lorsque les Algériens lui ont refusé l'impunité en boycottant massivement le référendum sur la charte, le 29 septembre 2005 ». Le MDS a accusé les agitateurs d'aujourd'hui de vouloir faire diversion sur les problèmes de fond. « Il y a une effervescence au niveau du front social, le pouvoir exerce des pressions à tous les niveaux. Pour détourner l'attention de la population, le pouvoir et l'Alliance présidentielle transposent le problème en canalisant l'attention sur la question des caricatures », a lancé Hocine Ali. Il a rappelé que la société a déjà observé ce type de manœuvres visant à récupérer son indignation aussi bien à l'occasion de l'épisode où « Belkhadem se dressait contre la venue d'Enrico Macias que la fois où M. Bouteflika dénonçait les journalistes algériens partis en Israël ». Le MDS a estimé qu'il est important de constituer un front démocratique pour faire barrage aux opportunistes. Hocine Ali a révélé que des contacts, dans ce sens, ont été entrepris avec des représentants de la société civile, des partis politiques, des associations, des syndicats autonomes, à savoir le FFS, le CCDR et Réda Malek. « Ce n'est pas avec le RND et le FLN, qui sont des partis de l'Administration, que l'on peut réaliser une alternative démocratique, mais plutôt avec des partis démocrates. Nous sommes conscients que cela va prendre du temps et nous sommes prêts à travailler aussi longtemps qu'il le faut pour atteindre ce but », a souligné l'orateur. Hocine Ali a annoncé que le congrès du MDS se tiendra à la fin du mois d'avril.