Les passagers du vol AH 6222 de la compagnie nationale Air Algérie en provenance d'Alger vers Hassi Messaoud, jeudi soir, ne sont pas près d'oublier leur mésaventure et l'humiliation ressentie devant ce qu'ils qualifient «d'attitude inacceptable de la part de personnel d'Air Algérie». Jugez-en vous-mêmes, le vol était programmé à 17h45, les passagers ont effectué les formalités d'enregistrement et d'embarquement le plus normalement du monde, ils étaient à bord de l'avion à 17h15, ce qui augurait d'un voyage agréable et à l'heure en perspective. Mais voilà qu'après 10minutes seulement, le steward demande aux passagers de bien vouloir quitter l'avion pour une révision de dernière minute. Une révision ? Rien de grave, espéraient les voyageurs qui ne se doutaient pas que leur cauchemar ne faisait que commencer. Les revoilà donc de retour à la salle d'embarquement où personne n'a pris la peine de les renseigner sur les raisons de ce retour à terre et encore moins des délais de reprise du vol. Entre-temps, la salle se vidait des voyageurs à d'autres destinations, plusieurs vols sur Annaba, Constantine, Oran. Comme d'habitude, les vols programmés en fin de journée et en début de week-end connaissant une grande effervescence, la tension commençait à monter, quand soudain un agent de passage informe un voyageur qu'en fait, c'est à Hassi Messaoud qu'une défaillance technique a été signalée, avant de s'en aller furtivement, alors qu'un appel au micro priait les voyageurs en partance sur Hassi Messaoud sur le vol de 18h30 d'entrer dans une autre salle d'embarquement où ils ont effectivement disparu en quelques minutes et pris leur vol le plus normalement du monde, tandis qu'un dernier vol sur Annaba s'apprêtait à prendre son élan. C'est à ce moment précis qu'un voyageur posté devant le tableau d'affichage électronique remarque que le vol de 17h45 à destination de Hassi Messaoud était non pas décalé comme annoncé mais purement et simplement annulé sans autre forme de procès. L'ébullition a donc commencé et les voyageurs exigeant des explications et la présence d'interlocuteurs crédibles de la compagnie se sont vu entourés par les services de sécurité de l'aéroport Houari Boumediene qui ont vite fait de remarquer et cerner les meneurs du mouvement de protestation et les menacer de représailles s'ils ne retournaient pas en silence à leur salle d'embarquement. La protestation a fini par prendre le-dessus et les passagers de Hassi Messaoud décident de bloquer ceux de Annaba pour susciter une réaction qui ne viendra qu'à 20h30 après quatre heure de stress inutile quand un chef d'escale a promis de régler le problème quand le vol de Annaba partirait. Et ce n'est qu'une fois les Bônois en plein ciel que ledit chef d'escale improvisa une prise en charge dans un hôtel pour la nuit, tout en annonçant la programmation d'un vol à 7h le lendemain. Chacun peut imaginer la suite de l'histoire, un dîner froid et une nuit exécrable dans un hôtel de misère, départ à 5h du matin alors que le vol n'était pas programmé avant 8h30. Arrivés sains et saufs à 9h30 à l'aéroport Krim Belkacem de Hassi Messaoud, le Dr Abazi, médecin ORL de Ouargla, témoigne d'un traitement discriminatoire de la part des agents d'Air Algérie vis-à-vis des passagers en partance vers le sud du pays. «Cette situation qui devient insoutenable a assez duré, car les gens ne supporteront pas plus longtemps d'être traités comme des citoyens de 3e degré avec des vols de nuit, une sélection des avions les plus vétustes de la flotte, des décalages et des annulations tous azimuts et point d'égards vis-à-vis du voyageur.» Pour le médecin qui avait un programme opératoire vendredi matin, «il est grand temps pour Air Algérie de revoir sa politique commerciale pour le Sud algérien» et qu'il en fera personnellement un sujet de campagne pour les législatives à venir.