Depuis la fameuse école mathématique de Béjaïa, mondialement connue au XIIe siècle, tout le monde sait que rien n'est simple, particulièrement en Algérie. Les équations sont complexes et les inconnues nombreuses. Faut-il voter ou non ? Mettre la pression sur le régime ou dénoncer l'islamisme qui arrive ? Partir ou rester, se battre ou chercher l'ergonomie pour se fondre dans le système ? Dénoncer la corruption ou faire avec ? Même au niveau international, vu d'Alger, ce n'est pas plus simple ; faut-il défendre Bachar Al Assad ou l'opposition ? Toutes ces questions en cours n'auront fait que retarder la victoire de la raison, pendant que dans l'empire des valeurs, l'Occident aura réglé bon nombre de ces équations. C'est pourtant à partir de Béjaïa que le système de numération et le calcul arithmétique se sont propagés en Europe et ont donné ce que l'on sait : montée sur la Lune, développement de toutes les sciences ou invention d'internet. C'est en Algérie qu'aura été (ré)inventé le système décimal, choix judicieux et naturel lié au nombre des doigts des deux mains, et l'écriture décimale positionnelle où chaque position est reliée à la position voisine par un multiplicateur. Que reste-t-il de Béjaïa, qui peine aujourd'hui à compter le nombre de bouteilles de gaz qui lui restent ou à quantifier la taille élastique du fichier électoral ? Pas grand-chose, à part une virgule amnésique et cet immense appétit pour le chiffre : engranger des milliards illégaux jusqu'à ne plus savoir compter. Ou truquer des statistiques et des indicateurs économiques et mettre en place des quotas pour les élections. On aura aussi compris que pour l'écriture positionnelle, il faut se placer tout près des puissants, à la droite de la main qui donne, pour multiplier ses revenus. Pour le système décimal, c'est encore plus simple : il faut prendre 10% ou 100% sur chaque marché, projet ou élection.