La prochaine Assemblée populaire nationale a une mission sacrée. Elle aura à se prononcer sur un projet des plus importants : la révision de la Constitution, la loi fondamentale de notre pays. On peut donc qualifier cette assemblée de Constituante.» Ce sont là les propos tenus hier par Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, en marge de la cérémonie d'installation officielle de la Commission nationale de surveillance des élections. Le ministre n'ignore pas qu'une Assemblée constituante a sa propre définition, sa propre composante et une mission bien précise. Assimiler une assemblée qui a pour première mission de réviser la Constitution à une Assemblée constituante prête à équivoque ! Jouer sur les mots ainsi diminue plus que ne donne du crédit à la démarche du pouvoir. Il aurait fallu opter pour une Constituante en bonne et due forme et non tenter de vendre une simple législature en une institution qui va bouleverser la vie de la République. Interrogé, en outre, sur le spectre de l'abstention que redoute le gouvernement et le recours à la politique du texto à travers l'envoi de SMS pour inciter les Algériens à aller voter, le ministre s'en défend en expliquant qu'il ne s'agit pas là «d'une panique ni d'une inquiétude ou d'une campagne de sensibilisation, mais tout simplement d'un rappel de leur devoir et obligations aux citoyens algériens». Les prochaines élections législatives, explique M. Ould Kablia, sont une opération-test pour le gouvernement. «Les membres qui doivent composer cette Assemblée doivent être à la hauteur de la mission qui les attend et les partis politiques doivent présenter des personnes crédibles, ayant un bagage, ce qui donnera confiance aux citoyens», note le ministre, qui pense qu'il faut lutter contre l'abstention et inciter la population à aller voter. «Nous avons besoin d'un Parlement fort, avec des députés crédibles et compétents, capables de réaliser un travail de qualité», souligne Ould Kablia. Interrogé sur le nombre d'électeurs et les réserves émises par certains observateurs quant aux chiffres avancés par les services du ministère, M. Ould Kablia l'estime à 21 millions et rappelle que celui-ci a été arrêté selon le nombre d'habitants. «Nous n'avons rien à cacher et nous n'avons pas un réservoir d'électeurs que nous avons mis de côté», argue-t-il. 21 millions d'électeurs Pour ce qui est du financement de la campagne électorale, le ministre envisage de diligenter une enquête et de sanctionner selon la loi les formations politiques qui recourent au financement occulte. A la question de savoir si le ministère de l'Intérieur autorisera le RCD à organiser des meetings pour appeler au boycott, le ministre répond : «On répondra à cette question lorsque cette situation se présentera à nous !» Par ailleurs, s'agissant de la Commission nationale de surveillance des élections, notons que 21 représentants de partis politiques agréés ont assisté à la cérémonie d'installation, à l'issue de laquelle ils devaient procéder à l'élection du président et des membres du bureau de cette Commission. La composante de cette dernière reste provisoire en attendant qu'elle soit complétée par les représentants des partis politiques et ceux des listes des indépendants qui auront confirmé leur participation aux prochaines élections législatives. Le ministre a fait observer que les membres de la commission dont les partis politiques n'auront pas présenté de candidats aux prochaines élections devront se retirer de cette commission. Et d'ajouter que les futurs partis agréés prochainement auront la possibilité d'intégrer la Commission. Les membres de cette Commission ne seront pas rémunérés, mais l'administration mettra à leur dispositions les moyens logistiques (transport, matériel bureautique…) pour mener à bien leur travail de contrôle.