L'état des infrastructures sportives algéroises est loin d'être des plus scintillants. Abandon, dégradation, surexploitation et absence d'entretien sont, entre autres, le triste lot de ces « temples » dédiés à la pratique sportive. Pourtant, des montants colossaux ont été consacrés par l'Etat ces dernières années à la construction et à la réhabilitation de telles infrastructures sans qu'il y ait un retour d'investissement. L'impact négatif se traduit d'ailleurs par les performances médiocres des athlètes et sportifs algériens, toutes disciplines confondues. Les avis que nous avons pu recueillir de certains gestionnaires du sport témoignent de l'ampleur des dégâts causés par une intendance des plus aléatoires du secteur des sports. Questionné à ce sujet, un ancien cadre de la jeunesse et des sports n'y va pas par trente six chemins et déplore « la non existence d'une politique sportive » qui seule pouvait garantir à la fois, une pratique saine et des infrastructures de qualité, et surtout obéissant aux normes internationales. Or, 70% des constructions de base existantes ne répondent pas aux critères requis, soutient Mohamed Hammani, représentant d'un bureau étude algéro-britannique, CST Global Afric, en l'occurrence. Bureau, essentiellement spécialisé dans les conceptions des tests des surfaces synthétiques et équipements sportifs. Ce groupe multinational homologue et délivre par ailleurs les certifications nécessaires pour lesdites infrastructures. Cette situation préjudiciable est due selon lui à plusieurs facteurs, parmi eux l'absence d'instance de contrôle et le non-recours systématique à des organismes indépendants spécialisés dans le domaine. « On n'a même pas une direction des normes au MJS », regrette un ancien responsable du ministère. Celle-ci n'a en effet jamais vu le jour, ce qui explique toutes les dérives en matière de construction, de restauration et même d'importation d'équipements sportifs. Le « raccommodage », méthode de travail et qui a été à l'origine des nombreuses malfaçons relevées, ne semble pas s'estomper. Les exemples sont légion : le stade des Frères Zioui fait figure d'éternel chantier. Celui-ci a déjà englouti plus de 4 milliards de centimes. L'état du stade Benhadad, à Kouba illustre le délaissement qui affecte ce type d'enceinte : 7 milliards devraient être alloués par la wilaya pour un hypothétique projet d'extension et de revêtement de la surface. Le complexe Gharmoul (ravagé par le séisme du 21 mai 2003, alors qu'il venait juste d'être reconstruit) vient d'être rouvert pour la seconde fois. Le siège du stade du 5 Juillet n'est pas mieux loti, malgré le montant faramineux qu'il avait coûté. Le complexe du 5 Juillet, avec ces 55 ha, se retrouve délaissé. Idem pour l'ISTS. Le tartan du stade Bologhine avait coûté la bagatelle somme de 5 millions de dinars. « C'est la mise en œuvre qui fait défaut, parfois due au manque d'expérience », dira M. Hammani, et d'ajouter que « la gestion de ces infrastructures doit échouer aux « spécialistes ». Le montant annuel du marché de la construction et de la réhabilitation est évalué par M. Hammani à 4 milliards de dinars. Quatre entreprises : Sarl DTS, Edecor, IRS et ASBL, les plus connues, se partagent le marché. Une situation de monopole qui n'est pas sans incidences négatives et suscite, à foison, des interrogations. Pour le directeur du CST : « Il y a nécessité d'expertiser les infrastructures existantes pour dégager les actions à mener. » C'est tout récemment que le ministre de la Jeunesse et des Sports s'est décidé à créer une direction des infrastructures sportives. Auparavant, c'était la direction de la planification qui chapeautait les missions de contrôle. Pas de laboratoire non plus à l'actif du MJS, regrette encore le même responsable. La tutelle sollicitait au besoin les services de Labo-France. Pour rappel, M. Guidoum avait annoncé, lors d'une visite d'inspection dans la ville de Boumerdès, un programme de réhabilitation des infrastructures et de contrôles rigoureux des dépenses associatives. Une convention cadre, MJS-APC, devrait aussi voir le jour. Cette dernière serait consacrée à l'entretien des établissements sportifs. Un programme qui tarde cependant à voir le jour.