L'effet de groupe, l'anonymat et l'impunité qu'offrent les gradins, le regroupement d'une masse importante de jeunes, l'insuffisance et l'exiguïté d'infrastructures sportives, les erreurs d'arbitrage, les défaillances dans l'encadrement managérial des équipes, le comportement de certains dirigeants, l'inefficacité ou carrément l'absence de comités de supporters sont autant de facteurs qui mettent le feu aux poudres. Les différentes fédérations sportives algériennes ont amorcé une politique de développement des sports. Mais la mise à exécution de cette politique rencontre plusieurs difficultés, dont l'exiguïté et la vétusté des infrastructures sportives qui n'offrent pas les commodités requises pour le bien-être du spectateur. Le constat est déplorable au vu de l'insuffisance des infrastructures, certaines sont archaïques et présentent un état de délabrement avancé. Elles ne répondent plus aux normes internationales, c'est une triste réalité qui constitue un frein à l'éclosion de talents, donc au développement des sports. Les médias éprouvent également de plus en plus de difficultés à s'acquitter de leur tâche dans les stades algériens. Si, globalement, en ce qui concerne les rencontres de la sélection nationale de football, les choses s'avèrent moins pénibles, quoiqu'il y ait là également d'énormes problèmes, dans le championnat, au niveau de certains stades, les conditions minimum de travail sont carrément absentes. Les fédérations sportives, les centres de formation et les établissements scolaires et universitaires algériens vivent au quotidien cet épineux problème qui se rapporte aux infrastructures sportives. Les exemples ne manquent pas, dont certains sont édifiants. L'exemple des derbys algérois, pour lequels la LNF ne trouve pas de stades appropriés, d'une contenance de 12 000 places, est assez révélateur de ce marasme. Insuffisance et inadéquation des infrastructures sportives A Alger, grand pôle de développement sportif, comme à l'intérieur du pays, soit les infrastructures sportives se font rares, soit elles sont sur-utilisées. Certaines wilayas disposent de stades rutilants et aux normes, alors qu'elles ne possèdent même pas de club d'élite. Pour les centres de formation et les établissements scolaires et universitaires où les jeunes sont censés apprendre les bases de différentes disciplines sportives, le problème d'infrastructures se pose. Beaucoup ignorent certainement que seules trois daïras sur les treize que compte la capitale abritent actuellement un complexe sportif répondant aux normes internationales. Ces trois daïras sont Rouiba, Dar El Beida et Bab El Oued. Toutes les autres sont privées d'infrastructures nécessaires au développement du sport. Les jeunes sont, bien sûr, les premiers à être pénalisés par cette situation et se trouvent confrontés aux aléas qui accompagnent inévitablement l'oisiveté, laquelle règne au sein de ces daïras déshéritées en matière d'infrastructures sportives. En football, il existe plusieurs stades réglementaires qui sont le 5 Juillet d'Alger, Mustapha Tchaker de Blida, l'Unité maghrébine de Béjaïa, 19 Mai 1956 de Annaba, le stade de Sidi Bel Abbes et, enfin, Chahid Hamlaoui de Constantine. Hormis Mustapha Tchaker, la plupart de ces stades ne disposent pas de tribunes adéquates, de tribune réservée à la presse, de salon d'honneur, de buvette ou de cafétéria, de vestiaires convenables. Sous la houlette du défunt président Houari Boumediene, plusieurs stades ont vu le jour à Alger et à l'intérieur du pays. Cependant, la création de la plupart des stades date de l'époque coloniale. Par conséquent, ils présentent aujourd'hui un état de dégradation avancé et ne s'adaptent plus aux nouvelles normes en vigueur. Du stade du 1er Novembre d'El Harrach aux stades de l'intérieur du pays, les locaux, les tribunes et la pelouse affichent un état pitoyable. La capacité d'accueil des tribunes est inférieure à la demande. On note une absence de commodités dans les locaux, qui, eux-mêmes, sont vétustes et exigus. Ce qui favorise la violence et les batailles rangées entre supporters. Certains stades comme le stade du 20 Août 1955 de Belouizdad et ceux de l'intérieur du pays ne peuvent pas abriter des matches en nocturne à cause du dysfonctionnement des pylônes électriques. Idem pour différentes pelouses qui ne permettent pas la pratique d'un football de qualité parce que truffées de crevasses et de bosses. Dans certains stades, le gazon se décolle et les duels entre joueurs ont lieu dans un tourbillon de poussière. Le terrain n'est plus fonctionnel à cause des touffes d'herbes sauvages qui y poussent, parfois plus hautes que des épis de blé. Les pistes d'athlétisme ne sont pas en reste. Le tartan disparaît au profit du goudron. En cas de pluie, ces pistes deviennent quasiment impraticables à cause des flaques d'eau qui s'y forment. Le stade annexe d'athlétisme du Complexe Mohamed Boudiaf, dans lequel se tenaient les grandes compétitions internationales, est dans un piteux état. Contrairement à certains pays africains tels que l'Afrique du Sud, l'Egypte, la Tunisie, le Maroc, etc., les stades algériens ne disposent pas en leur sein d'infirmerie, d'hôtel et de restaurant. Malgré les nouvelles technologies de l'information et de la communication, ils ne disposent pas de tableaux lumineux électroniques. L'Algérie, dite grande nation du sport, possède un seul palais des sports, celui de la Coupole du complexe Mohamed Boudiaf. Malheureusement, ce joyau est réservé généralement aux galas, soirées artistiques ou congrès et autres rassemblements politiques. Quant à la salle Harcha, surexploitée, elle ne peut répondre aux besoins des clubs d'Alger. Il y a par ailleurs un manque flagrant de complexes sportifs dans les grandes villes du pays. Il faut que le MJS s'active à établir un programme de réhabilitation, de construction, de maintenance et d'entretien des infrastructures sportives sur toute l'étendue du territoire. Ce programme doit prendre en compte non seulement toutes les disciplines sportives, mais aussi celles des handicapés. Les feux pyrotechniques non autorisés dans un lieu public Dans la majorité des stades, des dizaines de fumigènes font leur apparition dans les gradins et sont parfois lancés sur le terrain. Et c'est là que leur utilisation présente un danger. Ailleurs, un tel acte est sanctionné et fait même l'objet de poursuites judiciaires et d'une interdiction d'entrée au stade avec le chef d'inculpation de «harcèlement intentionnel et mise à feu d'engin pyrotechnique non autorisé dans un lieu public». L'utilisation des fumigènes est passible de prison. Des centaines de milliers de Suisses allument des engins pyrotechniques, sans pour autant les jeter sur les pelouses. Les fumigènes sont utilisés dans les chorégraphies du public et autres tifosi, mais cela doit rester encadré et hors de portée du premier venu (en Europe ou en Amérique latine, c'est généralement fait au niveau du sol et en dehors du public, mais pas sur la piste d'athlétisme ou le pourtour du terrain). Si les gens, en dehors du stade, font usage d'engins pyrotechniques, ce sont souvent des professionnels. Sans compter que les joueurs peuvent être incommodés par les émanations. Ou pire. On se rappelle que le public du MCA lors du match face à l'USM Alger à Bologhine avait balancé un fumigène qui avait atterri sur un supporter, lequel a rendu l'âme avant son admission à l'hôpital Maillot de Bab El Oued. Beaucoup d'irresponsables se sont brûlé les deux mains et sont restés handicapés. Des asthmatiques parmi les fans venus voir leur équipe se retrouvent asphyxiés parce qu'ils avaient inhalé la fumée. Y. B.