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L'ultime bataille de survie de Abdoulaye Wade
Son clan tente un passage en force, l'opposition évoque un second tour
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2012

Dans l'attente des résultats officiels de la présidentielle de dimanche, les principaux candidats de l'opposition et le clan du président sortant, Abdoulaye Wade, se sont livrés durant la journée d'hier une bataille par communiqués interposés pour revendiquer chacun la victoire dans les circonscriptions où se concentre le gros de l'électorat sénégalais.
Mais quoi qu'il en soit, Abdoulaye Wade est bien loin d'avoir obtenu la «victoire nette et sans bavure» promise il y a quelques semaines à ses partisans, preuve sans doute que sa cote a considérablement chuté au sein de la société. Et ce n'est pas faux de dire que le président sortant est aujourd'hui dans ses petits souliers.
Et cet état de fait, ses adversaires l'ont bien compris, en témoignent leurs déclarations triomphalistes au lendemain du scrutin. «Les chiffres en notre possession indiquent qu'un second tour est inévitable. Nous avons gagné les plus grands départements du Sénégal», a déclaré Macky Sall, l'un des principaux candidats d'opposition et ancien Premier ministre du président sortant, Abdoulaye Wade. Malgré l'échec annoncé, dans le camp de Wade, on tente autant que possible de garder la tête froide et de rester stoïque. Assailli par la presse, El Hadj Amadou Sall, un des responsables de la campagne du président Wade, a soutenu avec conviction que «(…) rien ne permet de dire qu'il y aura un deuxième tour». Selon lui, les derniers résultats en sa possession portaient uniquement sur «8% à 9%» des votes et «il n'y a pas de tendance lourde». Le camp du président sortant Abdoulaye Wade, qui était opposé à 13 candidats, a encore estimé qu'il n'y avait pas encore de «tendance lourde» permettant de tirer une conclusion concernant un éventuel second tour.
Surenchère verbale et avertissements de l'opposition
Mais au beau milieu de cette surenchère verbale, les médias sénégalais soutiennent effectivement, sur la base d'estimations non officielles, qu'il faudra un second tour pour départager les deux camps. Au-delà de la question de savoir qui gagnera cette élection tant décriée, la société sénégalaise apparaît surtout soulagée que le scrutin se soit déroulé dans le calme. Après des violences préélectorales qui avaient fait de 6 à 15 morts selon des sources, le premier tour de la présidentielle a même mobilisé les électeurs.
Le taux de participation tourne autour de 60%, selon un chiffre encore provisoire de la Commission électorale nationale autonome (Céna), en baisse tout de même par rapport au taux de 70% de la présidentielle de 2007. Maintenant, dans l'hypothèse d'un second tour, le président Wade a-t-il réellement des chances de se succéder à lui-même ? Peu probable, affirment les observateurs avertis. Hué dimanche lorsqu'il est allé voter dans son bureau de vote de Dakar et où il a d'ailleurs été devancé par Moustapha Niasse, le chef de l'Etat ne semble plus avoir aucun moyen pour rebondir. L'idée se tient d'autant que, sauf retournement de situation, il n'a plus de réserve de voix et que ses principaux opposants ont eu comme mot d'ordre commun, «Tout sauf Wade», promettant de s'unir derrière le candidat le mieux placé en cas de second tour. «Le principe, c'est de voter pour le candidat d'opposition le mieux placé.» Il y aura une «union» contre Wade, a rappelé Abdou Latif Coulibaly, un des responsables de la campagne d'un autre poids-lourd de l'opposition, Moustapha Niasse, également ex-Premier ministre du président Wade.
Convaincu également Abdoulaye Wade est en perte de vitesse et qu'il n'est pas admissible de le voir gagner, Macky Sall, l'un des principaux candidats d'opposition et ancien Premier ministre, a aussi averti que «quiconque serait tenté de violer» la «souveraineté du peuple» qui s'est exprimée au premier tour, «porterait la responsabilité de la colère populaire qu'il susciterait ainsi». «Entendre parler de victoire au premier tour est inadmissible. Cela engendrerait des conséquences graves. Au sortir d'une journée comme celle du 26 février, et des mois de tension que nous venons de connaître, marqués par de trop nombreux morts et blessés, il ne faudrait pas bafouer encore la volonté du peuple», a-t-il ajouté tout en mettant garde contre les risques qui pourraient découler d'une fraude ou d'une volonté de maintenir le président sortant au pouvoir. Voilà que le candidat Wade est prévenu.
A signaler que la date d'un éventuel second tour dépendra de l'examen de possibles recours devant le Conseil constitutionnel : la date la plus probable est, indique-t-on, le 18 mars.


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