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Sénégal: Des élections sous haute tension
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 02 - 2012

L'opposition a proposé hier samedi, à la veille de l'élection présidentielle au Sénégal, l'organisation d'un nouveau scrutin «dans un délai de six à neuf mois», sans le président sortant Abdoulaye Wade, dont la candidature est contestée, dans le cadre d'un dialogue avec la mission de l'UA. Cette proposition survient alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit hier «inquiet» de la situation au Sénégal, espérant que l'élection serait «pacifique et transparente».
Proposée par le Mouvement du 23 juin (M23) coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile , elle constitue, selon l'opposition, une réponse à la «feuille de route» proposée par l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission d'observation de l'Union africaine. Celui-ci aurait suggéré qu'Abdoulaye Wade, 85 ans, quitte le pouvoir dans deux ans s'il est réélu dimanche, pour mettre fin aux violences au Sénégal. Une information non confirmée par la mission d'observation de l'Union africaine. La durée du nouveau mandat présidentiel est de sept ans. «Le M23 remercie chaleureusement le président Obasanjo pour ses efforts inlassables consistant à consulter tous les acteurs politiques et à les inviter à un dialogue constructif pour préserver la paix, la sécurité et la stabilité du Sénégal», a expliqué la coalition dans un communiqué. Le M23 a ensuite présenté ses propres propositions, dont la première prévoit l'organisation d'une nouvelle «élection présidentielle, élection à laquelle le Président Wade s'engage à ne pas se présenter, dans un délai de six à neuf mois». Il demande la mise en place au cours de cette période d'un Conseil constitutionnel et d'une Commission électorale indépendante, deux institutions aujourd'hui très décriées par l'opposition, ainsi que la nomination d'un «ministre de l'Intérieur apolitique» et une révision du code électoral.
A Paris, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé que «la durée excessive de l'exercice du pouvoir peut poser problème» au Sénégal, où Abdoulaye Wade est au pouvoir depuis douze ans, dans un entretien au magazine Jeune Afrique à paraître lundi. «Il y a dans toute démocratie des moments où il faut bien organiser un passage de générations», a-t-il souligné, précisant que «la décision appartenait au peuple sénégalais».
La nouvelle candidature de M. Wade, au pouvoir depuis douze ans, est jugée «illégale» par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter. Les violences liées à la candidature d'Abdoulaye Wade ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de «15 morts, 539 blessés». Le M23 a appelé à voter massivement dimanche, de même que le collectif de jeunes «Y'en a marre», qui a donné comme consigne: «Tout sauf Wade». Plusieurs candidats, dont le socialiste Ousmane Tanor Dieng et l'ex-Premier ministre Macky Sall, ont demandé à leurs militants de «sécuriser» leur vote pour éviter toute fraude avant la publication des résultats, faisant craindre des troubles autour des bureaux de vote. Le président Wade lui-même a demandé aux jeunes de son parti de «protéger» ses bulletins pour que l'opposition ne puisse pas «saboter le scrutin», pour lequel 5,3 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes. Le camp présidentiel semble convaincu de l'emporter dès le premier tour dimanche, une perspective jugée «mathématiquement impossible» par l'opposition et qui pourrait enflammer les jeunes militants opposés à «Gorgui» (le vieux en wolof).


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