Comment l'Amérique latine est-elle perçue par ses artistes, ses poètes et ses penseurs ? C'est pour tenter de répondre à cette question que la Bibliothèque nationale du Hamma a invité, hier, le professeur chilien Enrique Arriagada-Kehl dans son café philosophique. Président de l'Institut de la pensée contemporaine, licencié en musique et en philosophie et écrivain, Enrique Arriagada-Kehl a réussi, en moins d'une heure, à faire le tour de la question. Si celle-ci ne peut avoir de réponse définitive ou du moins exhaustive, elle a, en tout cas, un minimum d'écho chez les Latino-Américains. Pour le conférencier, la réponse à cette question se trouve quelque part dans l'explication de l'authenticité qui révèle son origine, sa racine et son environnement. Et c'est pour illustrer cette idée qu'il commencera par une courte projection d'images, accompagnée d'une musique à base d'instruments vernaculaires. On verra, tour à tour, défiler des photographies de muralisme mexicain entrepris sur la base de l'art aborigène. C'est que la perception de ce pays-continent se fait donc à travers les origines, les racines et l'environnement. D'où la lecture d'un passage de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, qui décrit la forêt tropicale. L'environnement. Et quelques vers de Pablo Neruda dans une poésie où il dialogue avec les ruines du Machu Pichu, cette cité entourée de mystère, érigée dans la vallée sacrée, entre les Andes et la forêt amazonienne, découverte en 1911 et déclarée patrimoine culturel. Origine. Le muralisme mexicain, un mode d'expression, un mouvement qui est l'incarnation au plan artistique de l'esprit révolutionnaire et qui a atteint des sommets jamais égalés dans aucun autre pays. Identité. Enrique Arriagada-Kehl passe en revue la pensée de ce pays-continent à travers plusieurs de ses essayistes, dont José Carlos Mariategui et Octavio Paz. Au final, que la question soit élucidée ou non, une chose est sûre : certains éléments propres aux Latino-Américains font que nulle part ailleurs qu'en Amérique du Sud, leurs pensées philosophiques ne peuvent être comprises, parce que les autres ne s'y identifient nullement.