Dans la tradition de Pablo Neruda, Gonzalo Rojas ranime la verve de la poésie. Célèbre poète chilien, Gonzalo Rojas, un octogénaire, a été destinataire, il y a tout juste une semaine, du prix Cervantès qui lui a été remis par le roi Juan Carlos d'Espagne. Gonzalo Rojas, quoique heureux de cette distinction n'en a pas moins estimé que ce prix est «purement symbolique». Ainsi, fraîchement distingué, le toujours jeune poète chilien en a profité pour faire un saut à Alger venant directement de Madrid, étrennant ainsi le prix Cervantès à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma, dont il était l'invité dans le cadre de la 55e édition du Café littéraire D'emblée, M.Rojas a signifié que «les prix et les distinctions ne peuvent être des critères de qualité dans le sens où nombre de compétences se sont éteintes sans jamais être primées». Pour sa part, l'ambassadeur du Chili à Alger a exprimé son bonheur quant à cette heureuse occasion, exprimant sa reconnaissance envers les «humanistes» du tiers-monde, tels Fidel Castro, Boumediene et «Che» Guevara. Toujours souriant, Gonzalo Rojas s'avère en réalité être non seulement un grand poète, mais encore un excellent imitateur de sons. Ce constat, nous l'avons établi en l'écoutant nous raconter une anecdote se rapportant à un ami à la poésie. Gonzalo Rojas a admis qu'il n'a pu répondre à cette question «posée partout par un homme qui, hormis l'agriculture, ne connaît que très peu de choses et qui, en plus, a une bien drôle de voix» (des applaudissements et des éclats de rire s'entendirent dans la salle quand le poète s'est mis à imiter le vieux paysan). Pour M.Rojas , la poésie est «un jeu dangereux composé de mots exprimant les pensées de l'orateur» et aussi «un air que l'on doit vivre et non pas respirer». Répondant à la question quant à l'état actuel de la poésie au Chili, l'orateur dira qu'«elle se porte bien, tout comme le théâtre, contrairement au roman qui est en régression». Ainsi, le poète Gonzalo Rojas s'inscrit dans la lignée des grands créateurs que ce pays a enfantés, dont le plus grand reste Neftali Ricardo Reyes dit Pablo Neruda et dont on célébra récemment le centenaire. Pablo Neruda demeure le chantre de la poésie universelle et est considéré comme l'un des plus grands poètes du XXe siècle. De fait, la poésie de Gonzalo Rojas reflète cette tradition toute chilienne qui s'inspire des faits de tous les jours pour créer un espace onirique.