La question de l'économie informelle est revenue en débat, hier, à l'occasion d'un colloque organisé par le club Care à Alger, en collaboration avec le ministère du Commerce. Des experts, des universitaires et des spécialistes étrangers et d'institutions reconnues pour leur expertise dans le domaine ont pris part à ce débat placé sous le thème «Les pistes d'une transition vers la formalisation». L'invité phare de la rencontre, le Péruvien Hernando de Soto, une sommité mondiale sur la question de l'intégration des intervenants informels dans les sphères formelles de production, d'importation et de distribution, a clairement expliqué que la résolution du problème de l'économie informelle «est essentiellement un acte politique». Mais d'abord, un travail colossal doit se faire, en amont, pour définir ce qu'est l'informel, le quantifier, identifier les causes, puis agir en conséquence. L'économiste, qui a réussi, grâce à son initiative lancée dans le cadre d'une cellule de réflexion, à faire intégrer dans l'économie officielle pas moins de 300 000 petites entreprises au Pérou, définit l'économie parallèle comme étant «une économie illégale». «L'informel c'est l'illégal. Ce sont des personnes qui n'obéissent pas au droit», dira-t-il. Pour lui, «si le pays veut réellement une économie de marché, celle-ci suppose des transactions légales, documentées et quantifiées». C'est la raison pour laquelle, M. de Soto insiste sur la nécessité de mener une opération de «standardisation de la loi» avec, au préalable, une reconfiguration et une réforme lui permettant de s'adapter à la réalité. La création d'un «système légal» devrait s'accompagner également d'une série de mesures visant, entre autres, à faciliter l'accès à la propriété et aux crédits, à assouplir le poids de la fiscalité et à lutter contre la corruption, explique encore l'économiste. En Algérie, la part de l'informel occupe une part très importante. Selon le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, présent à cette rencontre, il n'est pas facile aujourd'hui de «cerner ce phénomène», d'autant qu'il obéît à «des objectifs occultes» et entraîne, dans son expansion, «des pratiques frauduleuses». A ce propos, le ministre fera savoir que ses services ont évalué, durant les trois dernières années, le préjudice causé par le défaut de facturation à 155 milliards de dinars, dont 46 milliards de dinars pour la seule année de 2011. «Une série de mesures ont été initiées par les pouvoirs publics, en vue de venir à bout de l'informel», souligne le ministre en citant notamment le déblocage d'une somme de 4 milliards de dinars pour l'aménagement de nouveaux espaces commerciaux et de 10 autres milliards de dinars pour la réalisation de nouvelles infrastructures de marché. Notons que les recommandations du colloque seront incluses dans le projet du «livre blanc» sur l'informel en Algérie, qui sera rédigé par une task force (nationale et internationale), dans le cadre d'un partenariat public-privé.